L’ANJ a validé, sous conditions strictes, le programme 2026 de la FDJ. L’accent est mis sur la protection des joueurs, alors que les indicateurs de jeu excessif repartent à la hausse.
l’Autorité nationale des jeux vient de donner son feu vert au programme des jeux 2026 de la Française des jeux (FDJ). Une approbation attendue, mais assortie de nombreuses conditions restrictives.
La validation du programme 2026 vise à encadrer les pratiques commerciales de l’opérateur tout en renforçant la prévention du jeu excessif. Le Conseil d’État a récemment réaffirmé la légitimité de l’ANJ à imposer ces restrictions dans le cadre de sa mission de régulateur.
Hausse du jeu excessif en 2024 : un signal d’alarme
Selon les données transmises par la FDJ, issues de l’Indice canadien du jeu excessif (ICJE), la proportion de joueurs excessifs est repartie à la hausse en 2024, après une stabilité relative entre 2020 et 2023. Un constat qui a directement influencé la décision de l’ANJ d’imposer un encadrement renforcé pour 2026.
Cette hausse touche l’ensemble des jeux sous monopole, en particulier les jeux à tirage et les jeux de grattage, deux segments historiquement populaires, mais régulièrement pointés du doigt pour leur fort potentiel addictif.
Innovation et attractivité bridées par la régulation
La FDJ souhaitait dynamiser son offre commerciale en 2026 par l’innovation, la digitalisation et une animation renforcée de ses gammes. Toutefois, cette ambition se heurte aux impératifs de régulation. L’ANJ a demandé à l’opérateur de limiter ses messages promotionnels jugés trop incitatifs.
Sont notamment bannis les messages mettant en avant la fréquence ou la probabilité de gains, comme «Plus de X chances sur Y de gagner» ou «Meilleure chance de gagner X €».
L’objectif : éviter toute illusion de maîtrise ou d’accessibilité du gain, facteur reconnu de risque de basculement dans le jeu excessif.
Jeux en ligne : pression sur les segments à risque
Sur les jeux en ligne, l’ANJ impose une réduction substantielle de la part du chiffre d’affaires générée par les joueurs excessifs ou problématiques. Trois segments sont spécifiquement visés :
- Jeux à tirages successifs en ligne
- Jeux de grattage en ligne à 3€ et plus
- Jeux « Exclu Web »
L’ANJ exige la suppression ou la transformation des jeux les plus problématiques. Ces décisions interviennent alors que le digital représente une part croissante de l’activité de la FDJ, mais aussi un vecteur de risques accrus, notamment en raison de l’instantanéité et de l’anonymat du jeu en ligne.
Interdiction d’Amigo en ligne et gel de certains jeux
L’un des points saillants de la décision de l’ANJ concerne l’interdiction de la mise en ligne du jeu Amigo, jugé trop incitatif. Déjà dans le collimateur pour son rythme de tirage soutenu et son accessibilité en réseau physique, le jeu ne pourra pas être proposé en ligne. Par ailleurs, le gel de la gamme des jeux à tirages successifs, mis en place en 2025, est reconduit pour 2026.
Autre mesure importante : la FDJ devra continuer à réduire la part du PBJ (Produit Brut des Jeux) du Bingo Live® générée par les joueurs excessifs. Des mesures supplémentaires sont également demandées pour atténuer les risques associés à Amigo en point de vente physique.
Jeux de grattage : des plafonds stricts pour 2026
Le marché des jeux de grattage est particulièrement encadré pour 2026. L’ANJ impose les limites suivantes :
- Maximum 3 lancements ou relances de jeux à 3€
- Maximum 2 lancements ou relances de jeux à 5€
- Maximum 9 jeux à 5€ commercialisés simultanément, réseau physique et déclinaisons en ligne comprises
Ces plafonds visent à limiter l’effet de saturation de l’offre et à freiner les comportements de jeu compulsif, souvent associés à ces gammes accessibles et instantanées.
Jeux exclusifs en ligne
L’ANJ exige une diminution du nombre total de jeux exclusivement en ligne, notamment ceux à 2€, 3€ et 5€. Ces jeux, souvent perçus comme anodins, concentrent pourtant une part importante du jeu excessif. Leur accessibilité immédiate et leur format attractif les rendent particulièrement dangereux pour les publics vulnérables.
Cette réduction vise à éviter l’effet «longue traîne» de jeux à faibles enjeux mais à forte répétition, qui peuvent entraîner des pertes importantes sur la durée.