En 2024, la Belgique a enregistré une augmentation notable du nombre de joueurs choisissant de s’auto-exclure des jeux d’argent. Selon les données du ministère de la Justice, 56.458 personnes se sont inscrites volontairement sur la liste noire, marquant une hausse de 6.760 individus, soit 13,6% de plus par rapport à l’année précédente.
Cette tendance à la hausse n’est pas nouvelle. Depuis la mise en place du registre EPIS (Excluded Persons Information System) en 2004, le nombre d’inscriptions volontaires a augmenté de manière significative, enregistrant une progression de 120% depuis 2015. Cette évolution reflète une prise de conscience accrue des risques associés aux jeux d’argent et une volonté des joueurs de prendre des mesures pour se protéger.
Intégration d’Itsme
La procédure d’auto-exclusion a été simplifiée fin 2021 avec l’intégration de l’application ItsMe, permettant aux joueurs de s’inscrire plus facilement au registre EPIS. Cette facilité d’accès a probablement contribué à l’augmentation des inscriptions. En effet, au 1er janvier 2025, le nombre d’auto-exclusions directes était de 58.249, passant à 59.056 au 1er février 2025, selon les données disponibles sur le site de la Commission des jeux de hasard.
Outre les auto-exclusions volontaires, d’autres catégories d’exclusion existent. En 2024, 58.659 personnes ont été interdites de jeu pour des raisons professionnelles, incluant des professions telles que huissiers, notaires et policiers. De plus, 5.476 individus ont été exclus suite à une décision judiciaire, et 62.068 en raison d’un règlement collectif de dettes.
Tendance mondiale
Cette augmentation des auto-exclusions en Belgique s’inscrit dans une tendance mondiale.
Au Pays-Bas, le système Cruks, l’équivalent du système EPIS belge, a connu une augmentation spectaculaire en 2024 avec en moyenne 488 nouveaux inscrits par semaine.
Au Royaume-Uni, le programme national d’auto-exclusion en ligne, GAMSTOP, a rapporté une hausse de 31% des inscriptions chez les moins de 25 ans au second semestre 2024. Cette tranche d’âge représente désormais près de 24% des nouvelles inscriptions, reflétant une prise de conscience croissante des jeunes face aux risques liés aux jeux d’argent.
La publicité pour les jeux d’argent pointé du doigt
La publicité intensive pour les jeux d’argent, notamment sur les plateformes mobiles, est souvent pointée du doigt comme un facteur contribuant à l’augmentation des comportements à risque.
Bien que la publicité soit interdite en Belgique, les opérateurs de jeux illégaux investissent massivement dans le marketing, avec des budgets dépassant les 600 millions d’euros, rendant les outils de prévention de l’addiction parfois inefficaces face à ces stratégies agressives.
Face à cette situation, il est essentiel que les autorités continuent de renforcer les mesures de prévention et d’information. La simplification des procédures d’auto-exclusion, comme l’utilisation de l’application ItsMe en Belgique, est une étape positive. Malheureusement elle reste efficace contre les plateformes de jeux illégales.