Le 9 juillet 2025, un conseil municipal tendu a mis un terme brutal au projet de réouverture du casino de Bagnères‑de‑Luchon. La proposition de Golden Palace a été rejetée par 10 voix contre 9, reléguant aux oubliettes un dossier mûrement préparé depuis deux ans. Une claque que la station thermale n’avait pas anticipée.
Un duel décisif lors du vote
L’accord visait à restaurer un monument historique datant de 1880 et relancer l’activité casinotière dès un casino provisoire fin 2025. L’opérateur belge proposait 4,4 M€ de travaux et 3 M€ de redevance à la commune, via une délégation de service public sur vingt ans.
Pourtant, malgré la promesse de rénovation, les élus ont jugé l’offre insuffisante, estimant que la commune devrait prendre en charge le lourd volet patrimonial. Une confiance brisée, même sur une courte majorité, qui a scellé l’arrêt du projet.
Alors que tout semblait calé depuis deux ans, pourquoi ce rebondissement ?
En 2023, l’ambition de redonner vie au casino de Luchon était clairement annoncée. L’idée : recommencer dès 2024 avec une concession publique, puis lancer les gros travaux dès 2026-2027. Le bâtiment classé, orné de son théâtre, vitraux et pavillon normand, attendait depuis longtemps un coup de jeune.
Golden Palace se positionne alors en leader du dossier début 2025. Toutefois, l’opération s’est enlisée malgré une offre alléchante sur le papier – d’où le vote serré du 9 juillet.
La rénovation du casino nécessitait un investissement global autour de 6 M€, partagé entre la ville et le privé. La Cour régionale des comptes estimait les retombées fiscales à 56 M€ sur vingt ans.
Malgré ce potentiel, l’opposition municipale a jugé que l’offre Golden Palace sous-estimait les coûts réels, risquant de faire supporter à la collectivité une facture lourde. Par ailleurs, certains élus ont vu dans ce dossier de réelles tensions internes, exacerbées par le contexte pré‑électoral. Le slogan “Oui pour le casino, mais pas à n’importe quel prix !” prononcé au conseil restera gravé dans les mémoires.
Conséquences pour l’économie locale
Privée d’un atout majeur, la station thermale voit son attractivité entamée. Sans casino, la commune souffre face à ses concurrentes des Pyrénées, comme Superbagnères, Capvern ou Argelès-Gazost. Les curistes, habitués aux offres complètes (thermes + divertissement), risquent de privilégier ces destinations.
Un report de l’ouverture au-delà de 2028 pourrait peser lourd sur les recettes locales, alors même que le bâtiment historique continue de se dégrader, renchérissant inéluctablement les sommes nécessaires à sa remise à niveau.
Quel avenir pour le dossier ?
Malgré l’échec du plan Golden Palace, le dossier casino à Luchon est loin d’être abandonné. De fait, ce refus est moins un point final qu’une relance sous de nouvelles conditions.
Le défi reste colossal : attirer un opérateur sérieux, convaincre les élus des avancées financières, et lancer les travaux tant attendus pour redonner vie à ce joyau architectural.
Le maire a confirmé qu’un appel à candidatures serait relancé à l’automne 2025, en quête d’un opérateur prêt à s’engager davantage. Les géants Partouche ou Barrière, voire un consortium indépendant, seraient les principaux visés.
L’objectif : désigner le futur exploitant mi‑2026, permettant l’ouverture d’un casino provisoire en 2026-2027 et la réouverture complète pour 2028, une fois le monument restauré.