La Kansspelautoriteit (Ksa) a frappé un grand coup. Il vient d’infliger une amende de 2,65 millions d’euros à Betent (la société exploitant BetCity) pour manquements dans son devoir de protection des joueurs.
Comment la Ksa est arrivée à sanctionner Betent
Tout commence à partir de signaux préoccupants : plusieurs jeunes joueurs (âgés de 18 à 24 ans) avaient perdu des montants extrêmement élevés dans un laps de temps restreint, souvent pendant la nuit. La Ksa, alertée par ces cas, décida d’ouvrir une enquête ciblée.
Dans le cadre de l’enquête, dix dossiers de joueurs ayant subi des pertes majeures furent sélectionnés pour examen approfondi. Dans chacun de ces cas, la Ksa identifia des manquements manifestes. Par exemple, l’un des joueurs âgé de 23 ans avait perdu 80 000 € en un an, sans que les mesures de protection ne soient adaptées.
La conclusion du régulateur est implacable : BetCity (via Betent) n’a pas analysé efficacement les risques de jeu excessif ni répondu à temps aux signaux d’alerte, ne respectant pas ainsi les obligations légales imposées aux opérateurs de jeux.
La Ksa insiste : les opérateurs doivent non seulement surveiller le comportement de jeu, mais aussi intervenir activement. Or Betent, selon le régulateur, a échoué sur plusieurs fronts :
- absence ou retard de réaction aux comportements excessifs ;
envoi de simples avertissements par e-mail sans contact personnel ; - non-adaptation des limites de jeu ou absence d’interruption proactive.
La réponse de Betent
Face à cette sanction impressionnante, Betent n’est pas resté silencieux. La société a formellement contesté le bien-fondé du jugement, avançant plusieurs arguments de défense.
D’abord, Betent soutient que pendant la période visée (du 8 octobre 2021 au 30 mars 2023), les normes entourant le devoir de diligence n’étaient pas clairement définies. Le groupe affirme que la Ksa a interprété de manière trop expansive des principes normatifs flous.
Ensuite, l’opérateur prétend avoir déjà mis en place des mesures d’intervention adéquates, y compris des avertissements et des alertes, et réfute l’accusation de ne pas avoir effectué de contact personnalisé. Betent argumente qu’il aurait été incorrect de traiter tous les joueurs à l’identique sans considérer leurs particularités individuelles.
La société pointe également un effet de double sanction : en novembre 2023, Betent avait été condamnée à une autre amende pour des manquements liés à la loi de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme (Wwft). Selon Betent, il y aurait chevauchement entre les deux dossiers dans les obligations de surveillance et analyse.
Malgré ces objections, tous les recours internes de Betent ont été rejetés. Le 5 août 2025, la commission des objections de la Ksa a validé l’amende et rejeté les arguments de la société, désormais en recours devant le tribunal compétent.
Cette sanction de 2,65 millions d’euros ne tombe pas dans le vide. Elle s’inscrit dans une série de décisions déjà prononcées par la Ksa contre Betent (ou BetCity) pour des infractions connexes. En avril 2023, BetCity avait été pénalisée d’une amende de 400 000 € pour avoir ciblé les jeunes adultes avec des mails promotionnels interdits. Puis en juillet 2024, une nouvelle sanction de 3 millions d’euros avait été prononcée pour des déficiences dans la vérification de l’origine des fonds et le signalement de transactions suspectes.
Ces antécédents renforcent la position du régulateur : Betent est déjà dans le collimateur, et ses manquements cumulés dessinent un pattern de négligence structurelle.