L’ANJ intensifie sa lutte contre les dérives publicitaires dans les jeux d’argent. Lors d’une conférence, le régulateur français a dévoilé une série de propositions ambitieuses, incluant une interdiction des publicités pour les jeux d’argent entre le début et la fin des retransmissions sportives (“whistle ban”) et un encadrement renforcé du sponsoring.
À l’heure où les compétitions sportives mondiales captent des millions de téléspectateurs, l’Autorité nationale des jeux (ANJ) appelle à un encadrement strict de la publicité pour les jeux d’argent en France. Lors d’une conférence organisée pour ses 5 ans, le régulateur a proposé l’instauration d’une interdiction des publicités de jeux de hasard diffusées «whistle-to-whistle», soit du coup d’envoi jusqu’au coup de sifflet final des matchs.
Ce type de restriction, inspiré du modèle britannique adopté en 2019 par les opérateurs eux-mêmes, vise à réduire l’exposition des jeunes publics et des personnes vulnérables aux messages promotionnels liés aux paris sportifs. L’ANJ souligne que cette mesure doit s’inscrire dans une approche plus globale de prévention des risques liés aux jeux d’argent.
«Il faut débanaliser les jeux de hasard, repositionner ce secteur comme un divertissement encadré et non comme une opportunité de gagner facilement de l’argent», déclare le rapport de la conférence.
Sponsoring sous surveillance accrue
L’ANJ ne se contente pas de cibler les spots publicitaires : le sponsoring est également dans son viseur. Le régulateur appelle à une surveillance renforcée du parrainage sportif, qu’il considère comme un levier majeur de trivialisation du jeu.
Dès janvier 2025, les quatre plus grands opérateurs de jeux ont été sommés de réduire leurs dépenses en marketing et sponsoring. La Ligue 1 française reste relativement préservée de ces partenariats, avec Winamax seul sponsor maillot en 2024-2025 (club du Havre), mais des exceptions notables existent, comme le partenariat entre Betclic et la Fédération Française de Rugby.
Depuis 2023, l’ANJ interdit également aux opérateurs d’utiliser l’image d’athlètes jugés populaires auprès des mineurs dans leurs campagnes publicitaires, une règle saluée par les acteurs de la prévention des addictions.
Limiter les pertes des jeunes joueurs : une priorité
Autre proposition phare de l’ANJ : l’introduction de limites de pertes personnalisées pour les joueurs âgés de 18 à 25 ans. Cette tranche d’âge, particulièrement vulnérable selon les études, pourrait prochainement être protégée par des outils automatiques de plafonnement des pertes.
En parallèle, l’ANJ poursuit le développement d’un algorithme de détection des comportements de jeu excessif, dont la mise en service est prévue pour 2026. Cette technologie de surveillance proactive devrait permettre d’identifier systématiquement les profils à risque et d’activer des mécanismes de protection ou de restriction.
Une régulation proactive, mais encore à l’état de propositions
Il convient de noter que les mesures évoquées restent à ce jour des recommandations, sans calendrier d’application ferme. Toutefois, leur publication dans un document officiel post-conférence et leur lien avec des événements d’envergure comme la Coupe du monde 2026 laissent penser que la mise en œuvre pourrait s’accélérer dans les mois à venir.