Une enquête de Betconix révèle que les casinos en ligne utilisant les cryptomonnaies exploitent les failles de la réglementation britannique en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, contournant ainsi les contrôles imposés aux opérateurs agréés.
Le marché anglais est l’un des marchés les plus stricts au monde en matière de lutte contre le blanchiment d’argent (AML) dans le secteur des jeux d’argent. Pourtant, une nouvelle investigation menée par Betconix, plateforme spécialisée dans l’intelligence du marché iGaming, montre que certains acteurs y échappent totalement : les casinos en ligne basés sur les cryptomonnaies.
Selon ce rapport, ces opérateurs non régulés exploitent la vitesse et l’anonymat des transactions crypto pour transférer des fonds illicites à travers les frontières, souvent au vu et au su de tous.
Réglementation stricte mais inopérante face au crypto gambling
Le Royaume-Uni impose aux opérateurs de jeux d’argent agréés des obligations précises : vérification d’identité (KYC), contrôles anti-blanchiment (AML), procédures de connaissance du client (CDD).
Ces mesures ont déjà entraîné de lourdes sanctions financières contre plusieurs grands noms du secteur, jugés trop laxistes dans leur conformité.
Mais les casinos crypto offshore, eux, ne sont pas soumis à ce cadre légal. Résultat : aucune exigence d’audit, aucune obligation de vérification des joueurs.
«Le crypto gambling n’est plus une niche, mais il continue à opérer dans l’ombre. Les criminels exploitent la rapidité et l’anonymat des transactions pour blanchir de l’argent à travers les frontières.» souligne le rapport de Betconix.
L’UKGC face à un mur
La UK Gambling Commission (UKGC) est consciente du problème et a exigé que tout opérateur crypto souhaitant intégrer le marché britannique accepte un audit complet.
Or, aucun casino crypto ne s’y est plié jusqu’à présent, et le Royaume-Uni ne compte donc aucun opérateur agréé dans ce segment.
Cette absence de coopération rend le contrôle quasi impossible, laissant le champ libre à des plateformes établies dans des juridictions offshore où la supervision est quasi inexistante.
Offshore : la force de frappe marketing
Ces sites étrangers savent séduire les joueurs britanniques : bonus généreux, taux de redistribution alléchants, anonymat garanti.
Si les dépôts directs en cryptomonnaie sont interdits par la réglementation britannique, des méthodes de contournement existent encore, notamment via des portefeuilles électroniques comme Neteller ou Skrill, qui échappent à certaines restrictions appliquées aux cartes de crédit.
Cette flexibilité attire les joueurs à la recherche de rapidité et de discrétion, au détriment de la sécurité et de la conformité légale.
Le dilemme britannique : sécurité vs attractivité
En durcissant les règles, le Royaume-Uni a considérablement renforcé la protection des joueurs et la lutte contre les flux financiers illicites. Mais cette stratégie crée aussi un effet pervers puisqu’elle pousse une partie des joueurs vers l’offre illégale, mieux adaptée aux habitudes numériques modernes et souvent plus attractive sur le papier.