Le secteur des jeux en France continue de surprendre par sa résilience et sa capacité à innover. En 2024, la Française des Jeux (FDJ), leader du marché, a publié des résultats impressionnants, confirmant une croissance solide malgré un contexte fiscal de plus en plus contraignant.
Une performance financière solide en 2024
La FDJ, leader européen des jeux et paris, a annoncé un chiffre d’affaires de 3,07 milliards d’euros pour l’année 2024, marquant une augmentation de 17 % par rapport à l’année précédente. Cette progression notable est en partie attribuée à l’acquisition de Kindred, intégrée aux comptes de la FDJ depuis le 11 octobre. Même sans cette acquisition, la FDJ affiche une croissance de 10 %, avec une hausse de 6 % des revenus des jeux en France.
Le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (EBITDA) récurrent a également connu une augmentation de 21 %, atteignant 792 millions d’euros, ce qui représente une marge EBITDA de 25,8 %. Ces chiffres illustrent la position dominante de la FDJ sur le marché français réglementé et sa capacité à intégrer efficacement de nouveaux actifs.
Nouvelles mesures fiscales prévues pour 2025
Malgré ces résultats positifs, la FDJ se prépare à affronter des défis financiers en raison de nouvelles mesures fiscales que le gouvernement français envisage d’appliquer au secteur des jeux. Ces dispositions, actuellement en cours d’examen parlementaire, devraient entrer en vigueur le 1ᵉʳ juillet 2025 et entraîner plusieurs augmentations des prélèvements publics :
- Loto et Euromillions : les prélèvements publics passeraient de 68 % à 69 % du produit brut des jeux (GGR), avec une hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) de 6,2 % à 7,2 %.
- Paris sportifs en point de vente : les prélèvements augmenteraient de 41,1 % à 42,1 % du GGR, avec une CSG passant de 6,6 % à 7,6 %.
- Paris sportifs en ligne : les prélèvements publics grimperaient de 54,9 % à 59,3 % du GGR, incluant une augmentation significative de la CSG de 10,6 % à 15 %.
- Poker en ligne : la taxation évoluerait de 0,2 % des mises à 10 % du GGR.
- Paris hippiques : bien que la CSG reste inchangée, les prélèvements publics passeraient de 52,3 % à 52,9 % du GGR, avec des contributions supplémentaires destinées aux sociétés de courses.
- Jeux de tirage et jeux instantanés : les prélèvements publics augmenteraient de 55,5 % à 56,5 % du GGR, avec une CSG passant de 6,2 % à 7,2 %.
De plus, la loi de financement de la sécurité sociale introduit une taxe de 15 % sur les dépenses publicitaires et promotionnelles des opérateurs de jeux, ajoutant une pression financière supplémentaire sur le secteur.
Selon des analystes, cette mesure pourrait réduire les profits du secteur de 5 à 10 % d’ici la fin de l’année.
Stratégie de la FDJ face aux défis fiscaux
La FDJ anticipe que ce nouveau régime fiscal réduira son chiffre d’affaires et son EBITDA récurrent d’environ 45 millions d’euros au second semestre 2025 et d’environ 90 millions d’euros sur une année complète.
Malgré cette pression fiscale, l’entreprise se dit confiante dans sa capacité à maintenir une performance solide grâce à sa stratégie de diversification et d’optimisation des coûts. L’intégration de Kindred devrait notamment lui permettre de compenser une partie de ces pertes grâce à l’expansion de ses activités en Europe et à l’optimisation de ses offres en ligne.
Un marché du jeu en pleine transformation
Le marché des jeux d’argent en France connaît une transformation rapide, avec une digitalisation croissante et une régulation de plus en plus stricte. L’Autorité nationale des jeux (ANJ) renforce régulièrement son contrôle sur les opérateurs afin de lutter contre l’addiction et les risques de blanchiment d’argent.
Par ailleurs, l’augmentation des prélèvements publics vise également à capter une part plus importante des revenus générés par l’industrie du jeu pour financer des politiques publiques, notamment dans le domaine de la santé et du sport. Cette approche fiscale plus stricte suscite cependant des inquiétudes parmi les opérateurs, qui craignent un ralentissement du marché et une baisse de l’attractivité du secteur.