Le gouvernement britannique envisage d’imposer une augmentation massive des taxes sur les paris en ligne, avec des taux potentiels atteignant jusqu’à 50 % des recettes. Cette proposition fiscale pourrait signer la fermeture des bookmakers locaux.
La tradition séculaire des agences de paris dans les rues principales du Royaume-Uni est sur le point d’être déchirée par un projet de loi fiscale potentiellement dévastateur. Le Trésor britannique est en train de réévaluer le droit sur les jeux à distance (Remote Gambling Duty), avec la possibilité d’une augmentation spectaculaire qui ferait passer le taux d’imposition bien au-delà de ce que l’industrie estime viable.
Les grandes firmes de paris tirent la sonnette d’alarme, au-delà de l’impact financier, cette mesure pourrait signer l’arrêt de mort des points de vente physiques. Avec pour conséquence une vague de chômage, un affaiblissement du financement de la prévention des addictions et risquerait même de propulser les parieurs vers le marché noir illégal.
Les points de vente locaux en danger
Avant même que le spectre d’une taxation élevée ne plane, le secteur de la vente au détail luttait pour sa survie. Les consommateurs britanniques ont massivement basculé vers le numérique. Les géants tels qu’Entain (Ladbrokes, Coral) ont réussi à maintenir le segment du jeu physique stable, mais il n’est pas propice à la croissance.
Les préoccupations des opérateurs dépassent le seul aspect financier. Les bookmakers de proximité sont décrits comme faisant « partie du tissu culturel de la Grande-Bretagne » par la PDG d’Entain.
Une économie circulaire mise à mal
Les sociétés de jeux d’argent britannique fonctionnent avec une économie circulaire, les bénéfices générés par les paris en ligne sont réinjectés au sein des agences de paris local, ce qui garantit leur pérennité.
Fred Done, le fondateur de Betfred, a averti la BBC qu’une hausse à 35 % ou 40 % rendrait l’activité déficitaire. Ce qui pourrait entraîner la fermeture de l’entreprise et la suppression de quelque 7 500 postes.
Flutter UK & Ireland a déjà réduit sa présence en fermant 57 agences Paddy Power le mois dernier, et cela avant toute modification du régime fiscal.
Le Betting and Gaming Council (BGC) souligne également un effet pervers majeur, l’augmentation des taxes ne ferait qu’alimenter le marché noir illégal des paris. Ce secteur non réglementé aurait presque triplé au Royaume-Uni ces trois dernières années, traitant environ 4,3 milliards de livres sterling par an.
« De nouvelles hausses d’impôts auraient des conséquences désastreuses sur l’emploi, réduiraient les recettes du Trésor et feraient tomber des milliards dans les mains du marché noir », déclare le BGC à iGB.
40 000 emplois menacés
L’impact le plus immédiat d’une taxe accrue se ferait sentir sur le marché du travail. Le BGC a mandaté une étude auprès d’EY qui révèle les proportions dramatiques de cette pression fiscale.
Selon leurs conclusions, plus de 40 000 emplois pourraient être menacés, et la perte pour l’économie nationale pourrait dépasser les 3,1 milliards de livres sterling.
Mais les milliers d’employés de ces agences de paris ne sont pas de simples lignes dans un tableau. Ce sont des experts locaux, souvent implantés dans les mêmes communautés depuis des décennies. La perte d’emploi est d’autant plus difficile que dans certaines régions du pays, les emplois sont tout simplement inexistants.
Menace directe sur la santé mentale et la prévention
Un autre effet ricochet inquiétant concerne les services de lutte contre l’addiction. Le financement de la recherche, des initiatives de prévention et du traitement des troubles liés au jeu dépend largement du prélèvement légal, lequel tire environ 90 % de ses ressources des paris en ligne et des magasins.
Dan Waugh prévient avec gravité que si les dépenses des consommateurs dans ces canaux chutent à cause des impôts, nous pourrions assister à l’effondrement de services essentiels de traitement de la santé mentale.
Le paradoxe est cruel, une mesure prétendument protectrice pourrait nuire aux plus vulnérables.
L’avenir de la course hippique menacé
Les répercussions s’étendent même à la vénérable industrie des courses hippiques britanniques, qui dépend des bookmakers pour un quart de son chiffre d’affaires. La disparition des agences entraînerait une érosion des recettes des droits médiatiques et des taxes de prélèvement, portant un coup fatal à ce sport.