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Fin de partie pour les agences Ladbrokes belges ?

C’est un coup de tonnerre dans le monde des jeux de hasard. Ladbrokes Belgique, acteur historique du pari sportif, prévoit de supprimer près de la moitié de ses effectifs. Une restructuration brutale, symptomatique d’un secteur en pleine mutation. 

Des pertes abyssales et une procédure douloureuse

Le 9 octobre dernier, Ladbrokes Belgique a annoncé l’ouverture d’une procédure Renault. Objectif : licencier 76 employés, soit 47 % de son personnel. La société, active depuis 1970 dans le pays, évoque des pertes cumulées de 24,2 millions d’euros sur cinq ans. Une hémorragie financière qui s’expliquerait par un déclin constant des paris “en dur” et l’essor du jeu en ligne, renforcé depuis la pandémie.

En quelques années, le maillage territorial de Ladbrokes s’est effondré. Le réseau est passé de 310 agences à 196 en Belgique. Selon la Commission des jeux de hasard (CJH), l’entreprise détient encore près de la moitié du marché physique. Mais cette domination cache de profondes disparités régionales : en Wallonie, 59 % des bureaux affichent le célèbre logo rouge et blanc, contre à peine 20 % en Flandre.

La géographie du réseau trahit aussi la fragilité du sud du pays, où la majorité des fermetures et suppressions d’emplois sont attendues. Les syndicats dénoncent “une opacité totale” de la direction, qui rétorque que les représentants du personnel “refusent de convenir d’un calendrier rapide de négociation”.

Un secteur en mutation : le digital prend le dessus

Si Ladbrokes trébuche, c’est aussi parce que le marché a changé de nature. Le rapport annuel 2023 de la CJH montre une bascule historique : le jeu en ligne représente désormais 55 % du marché des jeux de hasard, contre 45 % pour le jeu physique.

Avant la crise sanitaire, la tendance était inverse. En 2019, 60 % des paris se faisaient encore en agence. En 2023, ils ne représentaient plus que 39 %. Autrement dit, près des deux tiers des mises passent désormais par Internet.

Face à cette révolution numérique, les rivaux de Ladbrokes s’en sortent mieux. Betcenter Group, par exemple, après un bénéfice de 4,3 millions d’euros en 2023, n’a subi qu’une perte limitée de 1,6 million en 2024. Bingoal Retail, plus petite structure, maintient un équilibre fragile, avec seulement 7.000 euros de pertes en 2024 après un bénéfice record l’année précédente.

En comparaison, Derby SA, la société exploitant Ladbrokes en Belgique, affiche 28 millions d’euros de pertes en 2024.

Un modèle économique en question

Les paris en ligne ne coûtent pas seulement moins cher : ils rapportent davantage. En 2023, 61 % des revenus du secteur provenaient du digital. Le constat pousse de nombreuses entreprises à revoir leur stratégie. Entain, propriétaire de Ladbrokes, pourrait privilégier le développement de ses plateformes numériques, plus rentables et moins contraignantes.

Les prochains mois seront décisifs pour les employés de Ladbrokes. En attendant les conclusions de la procédure Renault, les syndicats réclament davantage de transparence et de garanties sociales.

Le cas de Ladbrokes illustre une tendance plus large : la digitalisation accélérée du jeu de hasard, qui redessine en profondeur le visage du secteur. Entre nostalgie des paris au comptoir et promesse du tout-en-ligne, la Belgique se trouve à la croisée des chemins.

Alex: Alex explore le monde des casinos à travers des articles informatifs et divertissants. Nourri par une passion profonde pour l'art et la télévision, chaque texte témoigne d'une attention particulière aux détails et d'une quête d’équilibre entre rigueur et créativité. Que ce soit pour démystifier des stratégies de jeu ou raconter l’histoire fascinante des casinos, son objectif est d'informer tout en captivant ses lecteurs.
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