Au cœur d’un printemps 2025 marqué par les promesses de réformes, la Suède s’apprête à modifier profondément sa législation sur les jeux d’argent en ligne. L’amendement proposé vise à combler les failles du régime actuel, notamment celles qui permettent aux opérateurs non autorisés d’atteindre les joueurs suédois.
Origine du projet
Tout commence avec la publication du rapport dirigé par Marcus Isgren, enquêteur pour le compte du ministère des Finances. Ce document, rendu public fin septembre 2025, passe au crible le cadre du Gambling Act et identifie un problème central : le critère directionnel, qui définit si un opérateur en ligne tombe sous la juridiction suédoise, selon qu’il cible explicitement le marché suédois (langue suédoise, couronne suédoise, marketing local… etc.).
Ce critère a permis à de nombreux opérateurs non licenciés d’exploiter un vide légal en évitant toute marque visible d’appartenance à la Suède : site en anglais, paiements en euros, absence d’indications nationales.
Les principales modifications proposées
Isgren propose de remplacer ce critère directionnel par un critère de participation. Désormais, peu importe la langue ou la devise utilisée : ce qui compte, c’est si un résident suédois peut jouer sur le site. Si oui, le site tombe sous la loi suédoise, à moins que l’opérateur ne prouve avoir mis en place des mesures appropriées et efficaces pour bloquer l’accès aux joueurs suédois.
Parmi les autres changements envisagés :
- Extension de l’interdiction de la promotion des jeux non licenciés, pas seulement aux publicités, mais aussi aux prestataires techniques, services financiers, etc.
- Règle de présomption pour les processeurs de paiement : s’ils traitent des transactions liées à un opérateur non licencié, ils devront présumer qu’il s’agit de joueurs suédois, sauf preuve contraire.
- Adaptation des dispositions criminelles pour inclure explicitement l’activité non autorisée et sa promotion.
Si ces mesures sont adoptées, elles entreront en vigueur le 1er janvier 2027.
Les attentes et les espoirs : canalisation et protection des consommateurs
L’un des objectifs affichés de la réforme est de renforcer la canalisation, c’est-à-dire la proportion des mises des joueurs qui se fait via des opérateurs licenciés. Le gouvernement vise un seuil de 90 % pour que le jeu légal domine largement le marché.
Actuellement, la société suédoise estime que ce taux est à 85 %, mais il varie selon les secteurs : pour les casinos en ligne, la canalisation se situe entre 72 % à 82 %, ce qui est jugé catastrophique par certaines organisations professionnelles.
Même si le cadre légal sera resserré, plusieurs acteurs préviennent que cela ne suffira pas à régler tous les problèmes. Les failles liées à l’attrait des offres illégales sont jugées plus structurelles que techniques.
Hoffstedt rappelle que les joueurs ne sont pas toujours en mesure de distinguer un opérateur légal d’un opérateur non agréé ; certains sites usurpent l’apparence et l’identité visuelle de plateformes autorisées. Ce qui alimente la fuite vers le marché noir. Par ailleurs, même avec de nouvelles mesures d’application (bloquage via DNS, restrictions de paiement, responsabilité étendue), sans une expérience utilisateur compétitive, la réglementation restera en partie contournée.
Calendrier, enjeux politiques et perspectives
La réforme proposée doit encore passer par les étapes législatives formelles d’ici à ce qu’elle soit en vigueur le 1er janvier 2027.
Un autre élément à surveiller est l’élection générale prévue en Suède en septembre 2026. Les oppositions politiques, les groupes d’intérêt dans l’industrie du jeu, et les inquiétudes publiques autour de la liberté et de la régulation pourraient influer sur la version finale de la loi.
L’amendement de la Gambling Act en Suède constitue une étape importante vers un marché plus sûr, plus transparent, et mieux régulé. Le passage d’un critère de ciblage à un critère de participation peut bouleverser les pratiques des opérateurs non autorisés.