Depuis l’entrée en vigueur de l’Arrêté Royal du 27 février 2023, la Belgique a durci son régime concernant la publicité pour les jeux de hasard. Pourtant, un acteur majeur fait exception : la Loterie nationale, propriété de l’État, bénéficie d’une position privilégiée. Cette inégalité provoque une vive contestation de la part de Groen, le parti écologiste flamand.
Un risque de normalisation tôt dans la vie
La Loterie Nationale est considérée comme proposant des jeux « moins risqués » (scratch-cards, loterie) et échappe donc à l’interdiction. Pour Stefaan Van Hecke, chef de groupe de Groen à la Chambre, cette distinction entre jeux « moins dangereux » et autres est davantage subjective qu’objective.
Des données inquiétantes confirment ses craintes : selon le centre d’expertise VAD (2023), 29 % des élèves du secondaire ont déjà joué aux cartes à gratter et 18 % au Lotto. Parmi les 12–14 ans, le Lotto est même plus prisé que chez les 15–18 ans.
Quand la Loterie dépasse les limites
La Loterie nationale n’est plus cantonnée aux jeux traditionnels. Sur sa plateforme en ligne, on trouve aujourd’hui des jeux type « Woohoo » : le principe ? Miser, cliquer, gagner ou perdre. De véritables mini‑machines à sous.
La Commission des jeux de hasard a récemment statué qu’il s’agit de jeux d’argent en ligne — or, la Loterie n’a aucune licence pour cela . Plusieurs opérateurs privés ont saisi la justice, ce qui a mené à une plainte formelle . La décision définitive attendue devant la cour pénale déterminera si la Loterie a fonctionné comme un casino en ligne illégal pendant des années. Si la justice conclut qu’elle proposait bien des jeux en ligne sans permis valide, elle pourrait être sanctionnée.
Enjeux politiques et économiques
BAGO a déjà exprimé son irritation : comment accepter d’être soumis à stricte réglementation alors que la Loterie, leur concurrent étatique, jouit d’un régime plus souple ? Le prochain vote parlementaire pourrait voir les partis prendre parti, alors que l’opinion publique devient de plus en plus sensible aux enjeux de santé publique liés au jeu.
Ce débat ne touche pas seulement à l’égalité juridique : il soulève d’importantes questions de protection publique. Les statistiques sur les usages précoces du jeu confirment un public jeune, facilement abordable via des spots poches, radios et bannières numériques.