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Michel Groothuizen : ‘grand écart’ entre théorie et réalité

Lors du SBC Leaders Summit à Lisbonne, le président de la Kansspelautoriteit, Michel Groothuizen, a sonné l’alarme : s’il est essentiel de réguler, la sur-réglementation pourrait nuire gravement au fonctionnement du marché. Entre théorie et réalités de terrain, il existe selon lui un écart important. 

Un panel européen pour débattre d’équilibre

Assis autour de la table avec des homologues du Danemark, de la Norvège, de Malte et du Portugal, Groothuizen prenait part à un panel animé par Quirino Mancini de chez WH Partners, un cabinet d’avocats spécialisé dans la législation des jeux d’argent. 

Le thème du jour était comment trouver le juste milieu entre une régulation assez forte pour protéger les joueurs et assurer la légalité, et une réglementation tellement stricte qu’elle rendrait le marché dysfonctionnel. Groothuizen l’a formulé ainsi :

“En théorie, je suis tout à fait d’accord avec vous sur le fait qu’il faut éviter la surréglementation et qu’il serait utile de trouver une sorte d’optimum. Là où le marché peut fonctionner et où il est le plus simple, le plus efficace et le plus percutant possible pour nous, en tant qu’autorité de surveillance, de réglementer, pour ainsi dire.”

Mais, selon lui, l’écart entre cette théorie et ce qui se passe réellement est encore trop grand.

Les signaux d’alarme : quand la réglementation ressemble à un carcan

Groothuizen n’est pas le seul à pointer du doigt les effets négatifs des règles trop rigides. Un exemple frappant : la publicité pour les jeux d’argent. Anders Dorph, de la régulation danoise, a souligné que les campagnes publicitaires massives avaient provoqué une réaction politique forte dans plusieurs pays, souvent sans que ne soit remis en cause le pourquoi de la régulation initiale.

Un autre sujet sensible : les crypto-casinos en ligne. Là, les outils traditionnels de surveillance financière (banques, autorités de blanchiment) sont moins efficaces, voire impuissants lorsque les transactions se font en monnaies numériques. Groothuizen l’admet clairement : l’influence des régulateurs dans ce domaine reste limitée.

Vers une alliance contre les jeux illégaux

Déterminé à ne pas laisser la situation dériver, Groothuizen propose une stratégie de collaboration renforcée. Il évoque la création aux Pays-Bas d’une task force (force opérationnelle) réunissant la Ksa, les fournisseurs de jeux légaux, les affiliés, les banques, et le gouvernement.

Mais tous ne sont pas au diapason. Les banques, par exemple, rechignent : pour elles, le travail imposé par les lois anti-blanchiment est déjà lourd. Intégrer la lutte contre les casinos illégaux représente un surcroît d’effort, d’autant plus que le paysage est mixte. Le légal et l’illégal sont parfois indissociables.

Les affiliés, eux, montrent une dynamique intéressante. Groothuizen confie que beaucoup d’entre eux proposent des idées que la Ksa elle-même n’avait pas envisagées. Leur créativité et leur connaissance du terrain offrent des pistes précieuses.

Michel Groothuizen croit fermement à un équilibre. Il ne s’agit pas de déréglementer à tout va, mais de réguler intelligemment. Éviter les excès, favoriser la coopération entre tous les acteurs, utiliser des outils modernes, voilà les clefs pour que les jeux en ligne restent sûrs et innovants. Le défi reste majeur, notamment pour ce qui touche aux cryptomonnaies, aux publicités agressives et à l’efficacité des banques dans la traque des plateformes illégales.

Glen: Glen apporte un regard neuf sur l'actualité des jeux d'argent, combinant des compétences pointues en matière de recherche et un intérêt profond pour l'évolution du secteur. Il s'efforce toujours d'informer et de stimuler ses lecteurs en couvrant une grande variété de sujets.
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