Après plus d’une décennie passée derrière les tables du Casino de Bruxelles, Katarina Pantic a voulu transmettre son savoir-faire et a décidé de créer une école unique en son genre, où rigueur, pratique et passion du jeu se rencontrent pour former les gens au métier de croupier. Un an après son lancement, Kapa Casino School s’impose déjà comme une référence pour tous ceux qui souhaitent rejoindre le monde fascinant des casinos. Gambling Club a posé quelques questions à sa fondatrice.
La création de Kapa Casino School
Pouvez-vous nous raconter votre parcours personnel et professionnel avant de fonder la Kapa Casino School ?
J’ai toujours su que je voulais être croupier, mais j’ai finalement décidé de poursuivre des études en histoire de l’art après la secondaire. L’unif n’a pas été du tout une expérience plaisante pour moi, du coup j’ai préféré ne pas faire de master et me suis renseignée sur les jobs vacants auprès du casino Viage. J’ai eu beaucoup de chance car ils organisaient justement une session de formation pour être croupier. J’ai été engagée et ai exercé le métier de croupier pendant 11 ans au sein du Casino de Bruxelles.
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de créer une école de formation de croupiers ?
Car cela n’existait pas en Belgique. Certes, il y a parfois la possibilité de se former dans les casinos comme je l’ai moi-même fait mais cela reste très occasionnel. Avec l’école j’ai voulu offrir une offre constante aux belges qui voulaient faire ce métier. De plus, j’avais très envie de rendre le métier plus populaire et effacer tous les clichés négatifs qui nous entourent.
Vous avez fêté le premier anniversaire de la Kapa Casino School il y a peu, quels ont été vos plus grands obstacles et vos plus belles réussites durant cette année ?
Sans hésiter, je dirais le fait d’être prise au sérieux et de donner de la légitimité à mon école. Lorsque j’ai lancé l’école, il a fallu convaincre que le métier de croupier est un véritable savoir-faire, qu’il mérite une formation structurée et de qualité. Il a fallu aussi gagner la confiance des casinos et des futurs élèves, prouver que mon approche est professionnelle et que la formation débouche sur de réelles opportunités d’emploi.
La formation de croupier au sein de la Kapa Casino School
Votre formation dure 8 semaines, comment se structure ces 8 semaines ?
Je suis un programme que j’ai confectionné. De semaine en semaine, ils apprennent le métier par étapes, avec de nouvelles informations tous les jours pendant 6 semaines. Les 2 dernières semaines ne sont que de l’entraînement. Ensuite, ils font un stage de 4 semaines au Casino de Bruxelles où ils exercent pleinement le métier de croupier, où ils font la même chose qu’à l’école mais en situation réelle. Cela dure donc 12 semaines au total.
Quelle est la part de théorie versus pratique dans la formation ?
Pour la théorie, j’ai rédigé un « syllabus » où tous les jeux et les détails utiles à la pratique du métier sont expliqués, mais tout est surtout pratique. Dès le premier jour de cours les élèves passent leurs journées à manipuler des jetons et des cartes et je donne mes explications oralement au fur et à mesure. Je leur fournis des jetons, un tapis de roulette et des cartes afin qu’ils puissent emporter la pratique chez eux.
Avez-vous des simulateurs ou du matériel utilisé dans de vrais casinos ?
Oui, j’ai deux vraies tables de roulette, une de blackjack et une de poker. Le casino Viage m’a aussi fourni des sets complets de jetons et de cartes qui ne sont plus en circulation aujourd’hui, mais qui ont certainement fait le bonheur de beaucoup de joueurs à l’époque. Je suis donc complètement équipée comme un vrai casino ; sans ça, il me serait impossible de donner des cours de qualité.
Est-ce que les élèves apprennent aussi des compétences humaines, comme la gestion du stress ou la relation client ?
Oui, je mets fortement l’accent sur le service client qui est primordial, j’essaye de leur faire comprendre que les clients peuvent avoir certaines réactions afin qu’ils puissent mieux les gérer. J’essaye de les préparer au stress mais cela est presque impossible à l’école qui est un « safe space ». C’est pour cette raison qu’ils font un stage de 4 semaines au casino, pour s’exercer aux situations impossibles à simuler au sein de l’école.
Quel est le profil type de vos élèves ?
En général, des personnes assez dynamiques, attirées par les milieux atypiques et souvent fan de jeux de société ou poker.
Formez-vous aussi des croupiers pour les casinos en ligne (live dealer) ?
Non, mais si une demande se crée, je ne serai pas du tout contre.
Le métier de croupier
Quelles sont selon vous les qualités essentielles pour être un bon croupier ?
Être sympathique, avenant, capable de faire plusieurs choses en même temps et de travailler sous pression. Et savoir se servir de ses deux mains.
Quel est le plus grand mythe ou cliché sur ce métier ?
Que le croupier connaisse le prochain numéro gagnant à la roulette.
Y a-t-il des perspectives d’évolution dans ce secteur ?
Oui, après croupier on devient chef de table puis pit boss puis manager de casino. En général les managers ont tous commencé en tant que croupier.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui hésite à se lancer dans cette formation ?
Je pense que le meilleur conseil que je puisse donner, c’est de le faire réellement par envie non pas par dépit car on cherche juste un travail. C’est un métier qui peut être parfois difficile, et si l’on n’y trouve pas de sens ou de plaisir alors il sera compliqué de perdurer dans cette voie. Alors que si on y prend du plaisir, ça devient le métier le plus chouette du monde car contrairement aux idées reçues, l’ambiance d’un casino n’est pas austère et le contact humain est très enrichissant car nous rencontrons des personnes différentes et intéressantes, que ce soit clients ou collègues, tous les jours ; des personnes que nous n’aurions jamais côtoyées ailleurs.
L’avenir de Kapa Casino School
Pensez-vous créer des spécialisations ou formations complémentaires ?
Déjà maintenant, je forme aux jeux autres que les 3 principaux (Roulette, blackjack, Poker), c’est-à-dire Ultimate Texas Hold’em, Punto Banco et autres variantes du Poker. Il est également possible de se former uniquement au Poker. Mais sinon, je ne pense pas intégrer des formations qui ne seraient pas l’apprentissage du métier de croupier.
Envisagez-vous d’ouvrir d’autres centres de formation ou de vous développer à l’international ?
J’ose en rêver parfois, oui.
Quel est votre plus grand rêve pour Kapa Casino School ?
Que mon école devienne une référence. Que Kapa rime avec bon croupier.
Avez-vous envie d’ajouter quelque chose pour nos lecteurs ?
J’aimerais simplement dire que le métier de croupier est une véritable carrière, accessible à tous ceux qui aiment le contact humain, la précision et le jeu. C’est un métier passionnant, plein d’opportunités, qui permet de voyager et d’évoluer rapidement.