Kalshi a décidé de franchir une étape majeure : transformer ce qui était considéré comme un simple outil de pari ou de spéculation en un véritable instrument scientifique de prévision. À New York, le 22 décembre 2025, elle a dévoilé Kalshi Research, une initiative qui pourrait bien redéfinir notre manière de comprendre l’avenir.
Une ouverture inédite des données de marché au monde académique
Face à la demande croissante d’outils capables d’anticiper des phénomènes économiques et sociaux, Kalshi a choisi de partager ce qu’elle décrit comme la plus vaste base de données de marchés prédictifs actuellement disponible. Ce mouvement n’est pas anodin : il vise à permettre à des équipes de chercheurs qualifiés de travailler directement avec les données brutes générées par les marchés vivants de Kalshi. Cela inclut des informations sur les comportements des traders, les mouvements de prix et la manière dont ces derniers évoluent à l’approche d’événements réels.
L’objectif affiché par Kalshi est ambitieux : ne plus considérer les marchés prédictifs comme des curiosités financières ou des jeux de pari, mais comme des fenêtres vers la dynamique collective des anticipations humaines. Cette initiative place l’entreprise à l’intersection de la finance, de l’économie comportementale et de la science des données.
À cette ouverture des données s’ajoute l’organisation de la première conférence dédiée aux marchés prédictifs. Kalshi Research a invité des universitaires de renommée à se rassembler pour présenter des travaux, débattre des méthodes et explorer les possibles applications de cette nouvelle discipline en plein essor.
Les noms associés à cette première édition sont impressionnants : des représentants d’établissements tels que Harvard, Stanford, Yale et l’Université de Chicago ont déjà confirmé leur participation. L’appel à communications est ouvert au public, signe que Kalshi souhaite construire un pont durable entre la communauté scientifique et les praticiens des marchés.
Kalshi bat-elle Wall Street sur les prévisions ?
Pour marquer le lancement de sa nouvelle branche, Kalshi a également publié une étude interne inédite, qui compare ses propres données de marché aux prévisions établies par les économistes de Wall Street. L’enjeu ? Savoir si les marchés prédictifs peuvent rivaliser avec les modèles traditionnels de prévision économique.
Les résultats sont, tout simplement, spectaculaires selon les chiffres communiqués : l’étude montre que les prix issus des marchés de Kalshi ont surpassé les prévisions consensuelles de Wall Street, avec un avantage d’environ 40 % en précision globale sur une série d’événements macroéconomiques, notamment l’inflation. Plus encore, lorsque les prévisions de marché et celles des analystes divergeaient fortement — c’est-à-dire en période de volatilité accrue — l’écart de performance se creusait en faveur de Kalshi. Cette supériorité était particulièrement nette dans les prévisions à court terme, souvent une zone d’incertitude pour les modèles économétriques classiques.
Kalshi ne cache pas son ambition : celle de faire des marchés prédictifs un outil utilisé par les décideurs politiques, les chefs d’entreprise, les analystes économiques et les investisseurs. Dans un communiqué, la direction a expliqué que les probabilités issues des marchés peuvent servir de signaux précoces pour détecter des retournements économiques ou des changements de tendance, souvent avant que les indicateurs classiques ne reflètent ces mouvements.
Un contexte de croissance et de défis réglementaires
Cette initiative scientifique s’inscrit dans un contexte de croissance rapide pour Kalshi. L’entreprise, fondée en 2018 et installée à New York, a connu plusieurs étapes de développement majeur ces dernières années. Elle a levé des fonds conséquents, attiré l’attention d’investisseurs de premier plan et étendu ses activités à de nouveaux segments de marché tout en naviguant dans un environnement réglementaire complexe, notamment aux États-Unis.
Pour certains observateurs, cette ouverture vers la recherche académique peut aussi être perçue comme un moyen de gagner en légitimité face aux autorités qui se questionnent encore sur la nature exacte des contrats proposés par Kalshi — entre pari, spéculation et outil financier.
Quelles applications futures peuvent émerger de cette alliance entre marchés vivants et analyse scientifique ? Pour l’instant, personne ne peut prédire avec certitude l’ampleur de l’impact. Mais une chose est claire : ce mariage entre pratique et théorie est une histoire à suivre de près pour tous ceux qui s’intéressent à la compréhension de l’incertitude dans un monde en constante évolution.