Face aux critiques récentes sur les paris sportifs en ligne, l’Association Française des Jeux en Ligne (AFJEL) réplique. Elle dénonce une série d’idées reçues qui alimentent la stigmatisation des opérateurs légaux, tout en éclipsant le véritable danger : l’essor massif du marché illégal.
L’AFJEL contre les idées reçues
Ces derniers jours, l’association Addictions France a multiplié les prises de parole sur les dangers liés aux paris sportifs en ligne. En réaction, l’AFJEL a tenu à rétablir certains faits. Selon elle, réduire la complexité du secteur à quelques slogans anxiogènes entretient des clichés trompeurs et détourne l’attention du véritable problème : l’explosion du marché illégal.
“La stigmatisation continue des entreprises légales à partir d’idées reçues et d’approximations est totalement contre-productive dans un contexte où les autorités peinent à stopper l’expansion de l’offre illégale,” martèle l’AFJEL.
Car contrairement à ce que laissent entendre certains discours, le secteur légal est l’un des plus encadrés d’Europe, avec une surveillance stricte exercée par l’État et son régulateur, l’Autorité nationale des jeux (ANJ).
Quatre idées reçues
Faire de la publicité sans contrôle ?
Un des reproches récurrents porte sur la publicité jugée excessive et incontrôlée. L’AFJEL s’inscrit en faux. Chaque plan marketing est en réalité soumis à une validation préalable de l’ANJ. Celle-ci peut imposer des conditions, interdire des messages ou encore plafonner des offres commerciales.
En 2021 et 2022, plusieurs publicités ont d’ailleurs été retirées pour non-conformité. De plus, lors de l’Euro 2024, les opérateurs ont respecté l’appel à la modération lancé par l’ANJ. Preuve, selon l’AFJEL, que la profession est aussi capable d’autorégulation.
Quant aux chiffres, une clarification s’impose : les dépenses publicitaires en 2024 ne s’élevaient pas à 671 millions d’euros, comme certains l’ont affirmé, mais à 144 millions pour l’ensemble du secteur (paris sportifs, paris hippiques et poker).
Attirer les mineurs ?
Autre critique souvent entendue : le risque d’exposition des mineurs. Sur ce point, l’AFJEL se veut catégorique :
“Le ciblage des mineurs est strictement interdit. C’est un principe non négociable. Le jeu des mineurs est interdit sur les plateformes agréées.”
Les plateformes agréées ont l’obligation de mettre en place des outils de vérification et d’exclusion.
Les campagnes marketing doivent par ailleurs respecter une interdiction absolue de ciblage des moins de 18 ans. Là encore, l’ANJ exerce un contrôle permanent.
Exploiter les joueurs vulnérables ?
Un argument fréquemment repris par les opposants concerne la proportion de joueurs problématiques. Or, les données disponibles montrent une autre réalité.
Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), la proportion de joueurs vulnérables a reculé de 20 % depuis 2019, malgré une hausse de 10 % du nombre total de joueurs. En 2024, seuls 1,5 % des joueurs étaient considérés comme excessifs.
“Ce chiffre contredit l’idée d’un phénomène généralisé, même si les opérateurs sont déterminés à le réduire encore,” précise l’AFJEL, qui rappelle ses investissements dans la prévention et l’accompagnement des publics fragiles.
Dominer le marché ?
Autre idée reçue : les paris sportifs en ligne représenteraient le poids lourd des jeux d’argent en France. Là encore, la réalité est plus nuancée.
Avec un produit brut des jeux (PBJ) de 1,7 milliard d’euros, ce segment ne représente qu’un dixième du marché total. La loterie, les jeux de grattage et les casinos terrestres génèrent des montants bien supérieurs.
Le vrai danger : un marché illégal hors de contrôle
Mais derrière ces débats, un sujet reste largement absent des prises de position publiques : le marché illégal. Chaque mois, près de 4 millions de Français fréquentent des sites non agréés. Or, sur ce terrain, aucune règle, aucun contrôle, aucune protection.
Les chiffres sont préoccupants : 66 % des joueurs du marché illégal sont considérés comme excessifs, contre 1,5 % seulement sur le marché légal. Cela représente plus de 2,5 millions de personnes. Une étude du cabinet Astéres estime le coût social de ces addictions à près de 5 milliards d’euros par an, sans compter un manque à gagner fiscal évalué à un milliard d’euros.
Pourquoi ce pan entier du problème est-il si peu évoqué ? C’est la question posée par l’AFJEL, qui estime que la lutte contre ces plateformes illégales devrait être une priorité absolue de santé publique.
Entre perceptions et réalités
Le débat sur les paris sportifs en ligne soulève des enjeux sensibles : addiction, protection des mineurs, encadrement de la publicité. Mais l’AFJEL invite à ne pas se tromper de combat. Les données montrent que le secteur légal, malgré ses imperfections, demeure strictement encadré et qu’il a réduit la vulnérabilité des joueurs. En revanche, le marché illégal explose et représente un risque massif, tant pour la santé publique que pour les finances de l’État. Une réalité encore trop absente des débats.