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Maarten Haijer réclame une vision commune pour le jeu

Alors que le marché européen des jeux d’argent en ligne connaît une croissance soutenue, la fragmentation réglementaire entre les États membres inquiète de plus en plus les acteurs du secteur. Maarten Haijer a lancé un appel clair : il est temps pour l’Europe d’harmoniser ses règles afin de mieux protéger les joueurs et de limiter l’expansion du marché noir. 

Un constat amer : fragmentation granulaire

Lorsque Maarten Haijer, secrétaire général de l’European Gaming and Betting Association (EGBA), s’est assis récemment avec SBC News à Lisbonne, il ne cachait pas son inquiétude : les marchés du jeu en Europe sont encore trop disparates. Pour lui, l’enjeu est clair : sans vision commune, certains États resteront à la traîne.

Il cite le Danemark comme un exemple évident de direction claire en matière de régulation. Il évoque aussi la Belgique, qui a lancé une stratégie réglementaire étalée sur six ans, impliquant plusieurs ministères pour développer un secteur du jeu plus stable.

Mais face à ces exemples positifs, un État semble sortir du lot — et pas pour les bonnes raisons.

Le cas néerlandais est ressorti à plusieurs reprises durant l’entretien. Au cours de l’année précédente, le marché y a été soumis à des contraintes fiscales lourdes et des exigences strictes, provoquant des tensions avec les opérateurs. Le départ de Teun Struycken, figure centrale de la politique du jeu, a laissé des réformes en suspens, perturbant tout le secteur. Pour Haijer, le risque est clair : si l’expérience utilisateur devient pénible à cause de contraintes excessives, les joueurs migreront vers les plateformes illégales. 

“En introduisant des limites de dépôt, ce qui peut sembler une bonne idée ou logique pour les personnes extérieures, l’effet réel est que les personnes qui jouent davantage – que vous souhaitez probablement protéger davantage que celles qui ne jouent pas ou très peu – se tournent vers le marché noir,” a déclaré M. Haijer. “Si nous mettons trop d’obstacles devant les joueurs, cela ne fonctionnera pas. Lorsque l’expérience des joueurs est très mauvaise, les clients iront ailleurs, là où ils peuvent jouer librement.”

Une harmonisation à portée de main… ou un mirage ?

Face à cette fragmentation, Haijer propose ce qui pourrait sembler être une solution idéale — mais aux contours flous : une législation européenne harmonisée du jeu. Cette législation viserait à instaurer un cadre commun, notamment pour prévenir le marché noir et renforcer la protection des joueurs.

Cependant, il tempère : le jeu reste fondamentalement une compétence nationale, intimement liée aux systèmes fiscaux et aux priorités budgétaires de chaque pays. Ce poids national freine la montée d’un consensus au Parlement européen et au Conseil de l’UE.

Pourtant, Haijer distingue un signe encourageant : les lois nationales convergent de plus en plus, malgré leurs différences. Dans ce contexte, une standardisation dans des domaines précis (publicité, taxes, marqueurs de risque) aurait du sens. Mais la mise en œuvre restera incertaine tant que les réglementations publicitaires varieront fortement d’un pays à l’autre, entre interdictions totales ou restrictions partielles.

Le jalon des marqueurs de risque : une avancée concrète

Malgré les obstacles, un projet en cours pourrait incarner une première forme d’harmonisation : la normalisation européenne des marqueurs de risque du jeu. Il s’agit d’un mécanisme permettant aux opérateurs et aux autorités d’identifier les comportements à risque selon des critères communs (durée, rythme, fréquence, etc.).

Le 25 septembre, les organismes nationaux de normalisation ont voté en majorité pour cette initiative portée par le Comité européen de normalisation (CEN). Bien qu’elle reste volontaire, cette norme devrait être finalisée début 2026. 

La Safer Gambling Week et l’engagement continu

Même en l’absence d’un cadre légal parfaitement harmonisé, l’EGBA ne baisse pas les bras. L’association continue de promouvoir des initiatives transnationales, notamment la European Safer Gambling Week, un programme annuel réunissant régulateurs, opérateurs, universitaires et personnes concernées par les problèmes liés au jeu.

Au-delà des normes, c’est une culture de responsabilité que souhaite insuffler l’EGBA : coopération, écoute des joueurs, prévention et traitement des comportements problématiques. Le vote sur les marqueurs de risque s’inscrit dans cette stratégie de petites étapes pragmatiques, quitte à ce qu’elles débouchent un jour sur une harmonisation plus large.

L’histoire racontée par Maarten Haijer expose une tension centrale : d’un côté, l’impératif de protéger les joueurs et de lutter contre le marché noir ; de l’autre, le poids des souverainetés nationales et des différences fiscales. L’harmonisation totale du jeu en Europe reste un horizon lointain, mais des initiatives comme la normalisation des risques montrent que la convergence est possible, au moins sur des segments ciblés.

“Nous espérons une approche plus structurelle pour certaines de ces questions, et nous espérons que ce sera la première d’une longue série. Cela suscitera davantage d’attention, de débats et de volonté de collaborer étroitement,” a conclu M. Haijer.

Maxime: Au cœur du Gambling Club se trouve notre journaliste dévoué, Maxime (32 ans), dont la passion pour le journalisme va au-delà du simple reportage des faits. Doté d’un sens aigu du détail et d’une curiosité insatiable, Maxime s’efforce de découvrir les histoires qui comptent, qui façonnent notre communauté et qui influencent le monde qui nous entoure. Avec des années d'expérience dans l'industrie du jeu, allant des reportages d'actualités locales aux enquêtes internationales, Maxime apporte une compréhension approfondie des complexités du paysage médiatique actuel.
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