En Belgique, les plateformes de jeux de hasard illégales gagnent en popularité, une progression inquiétante qui suscite l’inquiétude des acteurs du secteur. La Commission des jeux de hasard (CJH) confirme les craintes formulées de longue date par l’association belge des opérateurs de jeux (BAGO) : la fréquentation spontanée de ces sites non régulés est en hausse constante.
Comment expliquer une telle croissance ? La CJH met en lumière l’exposition agressive des jeunes, notamment via les réseaux sociaux. Les campagnes publicitaires ciblées exploitent leur vulnérabilité, les conduisant parfois à s’aventurer sur des plateformes sans licence, échappant au contrôle des autorités.
Publicité agressive et absence de protection
Un tiers des jeunes Belges, âgés de 18 à 30 ans, déclare être attiré par des publicités pour jeux illicites sur les réseaux sociaux. Or, ces sites opèrent sans aucune garantie :
- aucun contrôle d’âge ou de limite de dépôt,
- aucune information sur les risques ou orientation vers des dispositifs d’aide,
- aucune assurance de paiement des gains ni sécurité des données personnelles.
Ces carences exposent les utilisateurs à de graves dangers : dettes, exploitation des données, voire manipulation frauduleuse des jeux. Surtout, ils créent un environnement favorable à l’addiction, sans aucun filet protecteur.
Les mesures demandées par BAGO
Pour remédier à cette situation, BAGO ne se contente pas de promouvoir les réformes ; l’association formule également des demandes précises :
1. Un arsenal sanctionnable
- Renforcer les pouvoirs de la CJH pour une détection rapide et des sanctions dissuasives.
- Simplifier les procédures, afin que le régulateur puisse fermer efficacement les sites illégaux.
2. Blocage des flux financiers
- Travailler avec les institutions financières (banques, plateformes de paiement) pour empêcher les transactions vers des sites sans licence.
- Établir des listes noires consultables et actualisées, partagées entre acteurs publics et privés.
3. Une alliance institutionnelle et sociétale
- Impliquer le gouvernement, les opérateurs légaux, les professionnels de la santé et les associations pour une approche globale de la prévention.
- Développer des campagnes de sensibilisation ciblées, notamment auprès des jeunes, sur les dangers des sites non régulés.
Un phénomène en pleine expansion
L’enquête de la CJH met en lumière un constat alarmant : 4 des 10 sites les plus visités en Belgique sont illégaux. Et la confusion parmi les joueurs est forte : un jeune adulte sur trois ne peut plus distinguer un site légal d’un site illicite. Ce flou favorise la migration vers des opérateurs frauduleux, au détriment de la protection, de la transparence, voire de l’équité des jeux.
Une réforme institutionnelle indispensable
BAGO insiste sur l’urgence de doter la CJH de :
- personnels formés et outils techniques,
- prérogatives pour agir rapidement contre les sites illégaux,
- collaboration internationale pour fermer les plateformes basées à l’étranger.
L’approche proposée dépasse le simple contrôle :
- Financier : blocage des paiements aux sites illégaux.
- Préventive : campagnes d’information et actions éducatives dans les écoles et milieux associatifs.
- Sanitaire : formation des professionnels de santé pour repérer et accompagner les cas de dépendance.