Lorsque Jeremy Locke, fraîchement nommé président de la North American Gaming Regulators Association (NAGRA), a évoqué la nécessité d’un rapprochement avec les régulateurs européens, ce fut plus qu’un simple appel : c’était une invitation à repenser les frontières de la régulation des jeux.
Réseau commun pour traquer les opérateurs à risques
La collaboration entre continents ne relève pas seulement d’un échange d’idées : elle constitue une réponse concrète aux enjeux d’intégrité des marchés. Par exemple, un match de football européen sur lequel parient massivement des acteurs nord-américains peut faire naître des alertes. Si chacun travaille isolément, le risque d’opacité ou de détection tardive augmente. En unissant leurs efforts, les régulateurs pourraient intervenir plus rapidement et efficacement.
Pour autant, la route sera semée d’embûches. Jeremy Locke l’a reconnu : les différences, même minimes, entre chaque État nord-américain compliquent la coopération. S’aligner sur des standards communs tout en conservant la clarté pour les opérateurs est un défi majeur. Rendre la régulation harmonieuse sans transformer la diversité en casse-tête bureaucratique requiert un équilibre fin.
“Nous devons trouver un moyen d’assurer des services réglementaires plus harmonieux dans les marchés intégrés. Nous devons avoir des normes élevées, mais faciliter la compréhension des exigences par les opérateurs.”
Partenariat officiel GREF-NAGRA : vers un cadre concret
L’ambition ne se cantonne pas aux paroles : elle trouve des relais institutionnels. En effet, la Gambling Regulators European Forum (GREF) et NAGRA ont officialisé un partenariat structuré en 2023, mobilisant une centaine de régulateurs des deux continents. Cette collaboration se traduira par :
- la tenue de réunions conjointes des groupes d’intérêt,
- l’invitation réciproque à intervenir aux conférences annuelles,
- l’organisation de séminaires communs sur les nouveaux risques émergents.
Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de l’Autorité nationale des jeux (ANJ) et de GREF, a rappelé que face à des marchés en expansion et à l’accroissement des risques liés à l’offre de jeux, l’échange entre régulateurs dans le monde entier est crucial.
Et demain ? Vers un cadre commun ?
Nul ne parle encore d’un modèle universel unique – ce serait illusoire dans un paysage aussi fragmenté. Mais chacun entend faire converger les bonnes pratiques. Si des modèles performants émergent, les échanges pourront servir à les adapter conformément aux réalités locales. L’efficacité de cette dynamique dépendra de la volonté de partager, d’ajuster et de bâtir un socle protecteur commun.