Les jeux d’argent ne sont plus un simple divertissement pour une part significative de la population britannique. Une étude récente suggère que les dommages associés à cette activité atteignent une ampleur bien plus large qu’on ne l’estimait jusqu’ici.
Un quart des joueurs dans la zone de risque
Publiée le 12 décembre 2025, cette étude issue de ScienceDirect s’appuie sur l’analyse de données bancaires ouvertes provenant de plus de 243 000 joueurs au Royaume-Uni. Les chercheurs ont suivi leurs transactions sur une période d’un an pour identifier des schémas de dépense liés aux jeux d’argent.
L’un des résultats les plus frappants est que près de 25 % des joueurs analysés auraient déclenché les prochains contrôles financiers obligatoires que le gouvernement souhaite instaurer. Ces contrôles, prévus pour entrer en vigueur en février 2025, s’appliquent à toute personne qui perd 150 £ ou plus sur une période de 30 jours.
Ce seuil, relativement bas, a pour objectif de repérer tôt les comportements pouvant signaler une perte de contrôle ou un passage vers des habitudes de jeu potentiellement destructrices. L’étude montre que ce quart de joueurs est responsable de près de 92 % des dépenses totales observées sur toute la période étudiée – une concentration qui en dit long sur les risques invisibles derrière les chiffres globaux.
Mais qui sont ces joueurs ? L’étude signale une tendance nette : les jeunes hommes sont disproportionnellement représentés dans ce groupe à haut risque. Certains montrent des habitudes encore relativement équilibrées, tandis que d’autres affichent des comportements plus inquiétants, caractérisés par des pics de dépenses soudains, des pertes fréquentes ou une escalade rapide des mises.
Un phénomène plus large qu’anticipé
Pourquoi cette étude fait-elle autant de bruit ? Parce qu’elle met en lumière une réalité plus nuancée que les simples statistiques de participation aux jeux d’argent. Il ne s’agit pas seulement de compter qui joue ou non, mais de comprendre comment et à quel point certaines pratiques peuvent devenir nocives.
Une autre enquête britannique, indépendante, suggère que jusqu’à 2,5 % de la population adulte pourrait souffrir d’un problème de jeu grave, soit environ 1,3 million de personnes – un chiffre bien plus élevé que les estimations antérieures reposant sur des méthodes traditionnelles d’enquête.
Cette convergence d’analyses attire l’attention : les méthodes classiques, comme les sondages téléphoniques ou les questionnaires, pourraient sous-estimer la réalité du problème. L’étude basée sur les données bancaires, elle, capte des indices financiers souvent invisibles autrement, comme l’accumulation de pertes ou la récurrence des transactions vers des plateformes de pari.
Des comportements dissimulés et des impacts profonds
Les résultats de AskGamblers confirment ce que beaucoup suspectent : un nombre important de joueurs minimise ou cache leurs habitudes de pari lorsqu’on les interroge directement. Dans certains cas, près de la moitié des joueurs s’accordent à dire qu’ils dissimulent leurs habitudes, et un tiers préfère continuer à perdre plutôt que d’admettre qu’ils ont besoin d’aide.
Cette tendance à la dissimulation est particulièrement préoccupante parce qu’elle montre que les comportements à risque ne sont pas toujours perceptibles à première vue. Tant que les joueurs eux-mêmes, leurs proches ou les autorités ne reconnaissent pas ces signaux, les dommages peuvent s’accumuler sans intervention.
Et les répercussions vont bien au-delà des simples pertes financières : des études antérieures ont lié le jeu problématique à des effets sur la santé mentale, des relations familiales fracturées, voire des pensées ou des tentatives de suicide. Cela conforte l’idée que le jeu problématique est une question de santé publique, et non un simple vice individuel.
En fin de compte, la bataille contre les dommages liés aux jeux d’argent au Royaume-Uni est autant un enjeu sociétal qu’un défi individuel. Elle met en évidence la complexité de concilier liberté de divertissement, protection des plus vulnérables et efficacité des mesures préventives.