En ce début d’année 2025, le gouvernement français a annoncé une augmentation significative des taxes sur les opérateurs de jeux en ligne. Cette décision, inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, vise à accroître les recettes de l’État. Cependant, elle suscite une vive opposition de la part des acteurs du secteur, qui dénoncent une mesure injuste et potentiellement déstabilisatrice pour l’industrie.
Détails de la réforme fiscale
Selon les informations disponibles, la taxe sur les mises des paris sportifs en ligne passerait de 5,7% à 7,5%, tandis que celle sur le poker en ligne augmenterait de 1,8% à 3%. Cette hausse représenterait une augmentation moyenne de 31% de la fiscalité pour les opérateurs. Le gouvernement justifie cette mesure par la nécessité de financer les politiques de prévention du jeu excessif et de lutte contre l’addiction, tout en soulignant la forte croissance du secteur ces dernières années.
Réactions des opérateurs de jeux en ligne
Les principaux acteurs du secteur ont vivement réagi à cette annonce. L’Association Française du Jeu en Ligne (AFJEL) a dénoncé une mesure « injuste et disproportionnée » qui risque de mettre en péril l’équilibre économique du secteur. Les opérateurs avertissent que cette hausse pourrait entraîner des suppressions d’emplois et une réduction des investissements dans le secteur. Certains n’excluent pas de quitter le marché français si la mesure est maintenue.
De plus, une fiscalité accrue pourrait inciter les joueurs à se tourner vers des plateformes illégales, échappant ainsi à toute régulation et protection. Cette situation serait contre-productive par rapport aux objectifs affichés de protection des joueurs et de lutte contre l’addiction.
Cette hausse des taxes intervient dans un contexte économique déjà difficile pour les opérateurs de jeux en ligne. Après une période faste pendant la pandémie, où les paris en ligne ont explosé, le secteur fait face à une baisse de la demande et à une concurrence accrue.
Comparaison avec la Française des Jeux
Nicolas Béraud, président de l’AFJEL et directeur général de Betclic, tire la sonnette d’alarme face à une inégalité fiscale grandissante entre les opérateurs de jeux en ligne et la Française des Jeux (FDJ). En effet, la réforme envisagée par le gouvernement ferait grimper de 4,4 points la taxation des plateformes numériques, contre seulement un point pour la FDJ sur ses paris sportifs en points de vente. Or, cette dernière bénéficiait déjà d’un régime fiscal plus avantageux, et cet écart creusé porterait la contribution des opérateurs privés à plus de 59 % de leur chiffre d’affaires, contre un peu plus de 42 % pour l’ex-monopole public.
La FDJ prévoit déjà une perte de 45 millions d’euros d’ici 2025 en raison de cette hausse des taxes, donc les autres acteurs du secteurs pourraient subir des pertes encore plus importantes..
« C’est une distorsion de concurrence », dénonce Nicolas Béraud, pointant du doigt la position de l’État, actionnaire à 20 % de la FDJ. Face à ce qu’il considère comme un traitement inéquitable, il prévient : si cette mesure est adoptée sans modification, l’AFJEL engagera toutes les procédures juridiques nécessaires pour contester cette décision.
La hausse des taxes sur les jeux d’argent divise. Alors que le gouvernement y voit une source de revenus supplémentaires, les opérateurs dénoncent une mesure punitive qui pourrait fragiliser l’ensemble du secteur. Entre enjeux économiques, sociaux et politiques, le débat est loin d’être clos. Une chose est sûre : les prochains mois seront décisifs pour l’avenir des jeux d’argent en France.