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Open banking pour encadrer le jeu en ligne

Aux Pays-Bas, un projet inédit pourrait transformer en profondeur la manière dont les joueurs en ligne déposent de l’argent. Le gouvernement envisage d’introduire un test de capacité financière, basé sur l’open banking, afin de vérifier en temps réel les revenus et les charges des utilisateurs. 

Vers un contrôle responsable : l’usage de l’open banking

Imaginez qu’un joueur souhaitant déposer de l’argent en ligne soit soumis à une vérification presque instantanée de ses revenus nets et de ses charges. C’est précisément ce scénario que propose le dernier projet de test de capacité financière examiné aux Pays-Bas. Plutôt que de se fonder uniquement sur des déclarations ou des documents statiques, les chercheurs recommandent d’utiliser l’open banking (via la norme PSD2) pour accéder automatiquement aux données financières essentielles.

L’idée est audacieuse : réduire les risques d’endettement chez les joueurs en contrôlant leur capacité réelle à miser sans compromettre leur stabilité financière. Mais comment un tel système fonctionnerait-il ? Et quels sont les enjeux éthiques, techniques et juridiques ?

Trois étapes de vérification dans le dispositif envisagé

Le rapport présenté au Parlement détaille une approche en trois phases pour la mise en œuvre du test de capacité :

  1. Vérification de curatelle ou de mise sous tutelle via le registre CCBR.
  2. Contrôle des impayés existants par le biais du BKR (registre néerlandais des crédits) ou d’autres sources de dettes (impôts, loyers impayés, factures médicales).
  3. Évaluation de la “marge financière”, c’est-à-dire du montant que l’individu peut raisonnablement consacrer aux dépôts de jeu après avoir payé ses charges obligatoires.

Dans cette dernière étape, les aptitudes financières ne sont pas estimées à la volée, mais sur la base de données bancaires accessibles par open banking. Le rapport renonce à inclure les avoirs liquides (épargne, placements) dans le calcul, estimant que ceux-ci constituent une photographie ponctuelle et risquent de fausser l’évaluation.

Un point intéressant du projet : une réserve obligatoire équivalente à 10 % du revenu net est laissée hors des calculs, afin de préserver une marge de sécurité pour les imprévus.

Trois variantes pour le test – et une recommandation

Les chercheurs ont modélisé trois variantes de test, chacune ayant ses avantages et ses limites :

  • Variante 1 – “revenus et dépenses réelles via open banking” : c’est la plus complète. Le système compare le revenu net aux charges (loyer, énergie, transport, nourriture, garde d’enfants, abonnements…). Elle offre la meilleure validité et objectivité, selon les auteurs.
  • Variante 2 – “norme fixe de 30 % du revenu net” : une méthode plus simple à appliquer, où 30 % du revenu net est automatiquement assigné comme “capacité de dépôt”. Moins précise dans les situations concrètes, mais facile à implémenter.
  • Variante 3 – “barème selon tranche de revenu” : le pourcentage alloué varie selon l’échelle de revenu (par exemple, plus faible proportion pour les revenus très élevés). Elle combine simplicité et adaptabilité, mais oblige à actualiser périodiquement les barèmes.

Au terme de l’analyse, les chercheurs recommandent la variante 1, car elle obtient les meilleurs scores en validité et objectivité, malgré une complexité technique accrue.

Le débat sur le retour d’information

Un débat clé subsiste : comment communiquer le résultat du test au joueur ? Deux écoles s’affrontent :

  • Le mode transparent : montrer au joueur le montant maximal possible de dépôt, fondé sur les données financières.
  • Le mode binaire : indiquer simplement si la demande de hausse de limite est acceptée ou refusée, sans révéler les détails sous-jacents.

Les chercheurs recommandent la prudence vis-à-vis du mode transparent, craignant qu’il puisse encourager certains joueurs à pousser leurs limites jusqu’au maximum proposé. Ils suggèrent des études comportementales pour tester les effets exacts du mode de retour d’information.

Vers un jeu plus sain… mais à quel prix ?

L’idée d’un contrôle d’aptitude financière par open banking représente une rupture dans le domaine du jeu responsable. En croisant automatiquement revenus et charges, le système promet de limiter les risques d’endettement chez les joueurs en imposant des plafonds de dépôt proportionnés à leur capacité réelle.

Pourtant, sa réussite dépendra de l’équilibre entre protection et liberté, entre sécurité des données et facilité d’usage, entre rigueur et flexibilité sociale. Reste que ce modèle pourrait redéfinir les normes du jeu en ligne, faisant de la finance personnelle une pièce centrale du processus de contrôle.

Maxime: Au cœur du Gambling Club se trouve notre journaliste dévoué, Maxime (32 ans), dont la passion pour le journalisme va au-delà du simple reportage des faits. Doté d’un sens aigu du détail et d’une curiosité insatiable, Maxime s’efforce de découvrir les histoires qui comptent, qui façonnent notre communauté et qui influencent le monde qui nous entoure. Avec des années d'expérience dans l'industrie du jeu, allant des reportages d'actualités locales aux enquêtes internationales, Maxime apporte une compréhension approfondie des complexités du paysage médiatique actuel.
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