Depuis 2021, les Pays-Bas ont légalisé les jeux d’argent en ligne, espérant ainsi encadrer le marché et protéger les joueurs. Cependant, des réglementations de plus en plus strictes ont été mises en place, incluant des interdictions de publicité, des limites de jeu plus sévères et des hausses d’impôts. Une récente étude menée aux Pays-Bas met en lumière les conséquences inattendues des mesures restrictives imposées aux jeux de hasard légaux. Initialement conçues pour protéger les joueurs, elles semblent paradoxalement encourager le recours à des plateformes illégales. Cette situation suscite des préoccupations croissantes parmi les opérateurs belges, qui redoutent une propagation de ce phénomène au-delà des frontières.
Les intentions derrière les restrictions
Les autorités néerlandaises ont instauré des restrictions strictes sur les jeux de hasard légaux, visant à limiter les comportements addictifs et à protéger les consommateurs vulnérables. Ces mesures incluent des limitations sur les publicités, des contrôles d’identité renforcés et des plafonds de mise. Cependant, une question se pose : ces restrictions atteignent-elles réellement leurs objectifs ?
Malgré ces bonnes intentions, une étude néerlandaise récente révèle que ces mesures ont conduit à une augmentation de l’utilisation des sites de jeux de hasard non réglementés. Les joueurs, confrontés à des restrictions jugées trop contraignantes sur les plateformes légales, se tournent vers des alternatives illégales offrant moins de limitations. Ces sites, souvent basés dans des pays où la régulation est quasi inexistante, offrent des conditions attractives : bonus généreux, accès simplifié et absence de vérification d’identité. Cependant, ils exposent les joueurs à des risques majeurs, comme la fraude, le piratage ou l’absence de recours en cas de litige.
De plus, la Ksa (Autorité néerlandaise des jeux) a développé un modèle de calcul basé sur le comportement de recherche des consommateurs pour estimer la taille du marché illégal. Les résultats indiquent que le taux de canalisation, c’est-à-dire la proportion de joueurs utilisant des plateformes légales, n’a jamais dépassé 70 %. Cette situation contraste avec les estimations précédentes et souligne l’ampleur du défi posé par les sites illégaux.
Les opérateurs belges tirent la sonnette d’alarme
De l’autre côté de la frontière, en Belgique, les opérateurs de jeux en ligne légaux observent la situation avec une certaine appréhension. Les mesures néerlandaises pourraient avoir un impact direct sur le marché belge, déjà fortement régulé. Cette situation pourrait non seulement nuire à l’industrie légale, mais aussi exposer les joueurs à des risques accrus.
« Ces joueurs partent et nous ne savons plus rien de leurs comportements. Ceux que l’on prétend protéger avec les lois disparaissent du circuit légal, donc on ne protège plus personne, » dit Emmanuel Mewissen, patron de Gaming1.
Face à ces constats, une réévaluation des politiques de régulation des jeux de hasard semble nécessaire. Il est crucial de trouver un équilibre entre la protection des consommateurs et la prévention du recours aux plateformes illégales.
« Il faut continuer de réguler le secteur légal pour protéger les joueurs, mais il faut aussi donner à ces opérateurs régulés une certaine visibilité et attractivité pour canaliser les joueurs et les garder dans un secteur où ils peuvent être protégés et aidés. Sans cela, ils vont inévitablement partir vers les sites illégaux,” dit la Commission des jeux de hasard.