À La Haye, les régulateurs européens des jeux d’argent ont franchi une nouvelle étape dans la lutte contre l’addiction et le marché illégal. Réunis pour la première édition de la Player Protection Conference 2025, seize pays, chercheurs et experts en santé publique ont échangé sur un enjeu majeur : comment protéger efficacement les joueurs, en particulier les plus jeunes, face à une offre toujours plus accessible et mondialisée.
Un rendez-vous inédit à La Haye
Pour la première fois, le régulateur néerlandais des jeux d’argent, la Kansspelautoriteit (Ksa), a réuni à La Haye les principaux acteurs institutionnels de la régulation du secteur. Pendant deux jours, la Player Protection Conference 2025 a réuni seize pays, des chercheurs de renom, des décideurs publics et des experts en addictologie. L’objectif : mettre en commun les connaissances pour mieux protéger les joueurs et lutter contre les dérives du marché illégal.
Organisée dans le cadre singulier de Madurodam, un parc miniature emblématique des Pays-Bas, la conférence s’est voulue résolument tournée vers la coopération internationale. Aucun représentant de l’industrie du jeu n’a été invité. La Ksa a souhaité réserver cet espace aux régulateurs et aux experts indépendants, pour éviter tout conflit d’intérêts et concentrer les débats sur la protection des joueurs.
Les enjeux cruciaux de la protection des joueurs
Les discussions ont porté sur plusieurs thématiques essentielles : comment évaluer la vulnérabilité financière des joueurs, quels marqueurs permettent de détecter les comportements à risque, et comment renforcer la prévention auprès des plus jeunes.
La présence de l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ) a permis de rappeler les efforts menés en France pour développer des outils de suivi de l’addiction et mieux encadrer la publicité autour des jeux d’argent. La Commission des jeux de hasard a également participé.
Au cœur des échanges : la nécessité d’un langage commun, de standards partagés et d’une meilleure circulation des données. La montée en puissance des casinos en ligne illégaux, souvent hébergés hors d’Europe, inquiète particulièrement.
Quand la recherche éclaire la régulation
Parmi les intervenants, plusieurs figures académiques ont marqué les débats, comme la professeure Heather Wardle, spécialiste des politiques liées aux jeux à l’Université de Glasgow, Arnt Schellekens, rapporteur national sur les addictions, ou Virve Marionneau, directrice du Centre de recherche sur l’addiction et la gouvernance à l’Université d’Helsinki.
L’un des moments forts de la conférence a été le panel de clôture du premier jour. Heather Wardle et Anders Dorph, président du GREF (Gambling Regulators European Forum) et directeur de l’Autorité danoise des jeux, ont dialogué avec un ancien joueur dépendant. Ce témoignage a rappelé, avec force, la dimension humaine derrière les statistiques.
L’ombre du marché illégal
Un sujet a particulièrement retenu l’attention : la prolifération des casinos en ligne non autorisés. Les intervenants ont souligné la difficulté de bloquer ces sites, souvent opérés depuis des juridictions offshore et accessibles aux jeunes adultes grâce aux réseaux sociaux et à la publicité ciblée.
Pour les régulateurs, la clé réside dans la coopération internationale. Partage de données, actions judiciaires coordonnées, renforcement des outils technologiques de détection : autant de pistes explorées lors des ateliers.
Une dynamique collective en construction
En réunissant chercheurs, décideurs et régulateurs, la Player Protection Conference 2025 marque un tournant. Elle traduit la volonté de bâtir une approche globale, où la protection des joueurs prime sur les intérêts commerciaux.