Alors que le gouvernement néerlandais pensait gonfler ses recettes en augmentant la taxe sur les jeux d’argent, l’effet s’avère contre-productif. Jo Bosch, directeur du Casino Peppermill à Heerlen, dénonce une politique fiscale qui asphyxie les casinos physiques et menace l’ensemble du secteur terrestre.
Le premier janvier de cette année, la taxe sur les jeux de hasard est passée de 30,5 à 34,2 %. Une nouvelle hausse est planifiée pour janvier 2026, faisant passer la taxe à 37,8%. L’objectif initial de cette augmentation devait rapporter 100 millions d’euros supplémentaires dans les caisses de l’État, mais la dernière augmentation de la taxe a généré un effet inverse : 40 millions d’euros de recettes en moins, selon un rapport officiel de la Kansspelautoriteit (Ksa).
Jo Bosch, directeur du Casino Peppermill à Heerlen, s’est exprimé dans les colonnes de De Limburger pour dénoncer une politique fiscale qui menace selon lui de « tuer la poule aux œufs d’or » :
«Avec l’augmentation supplémentaire annoncée à partir du 1er janvier, la poule aux œufs d’or du gouvernement est en train d’être abattue par ce même gouvernement.»
Plusieurs établissements ont déjà fermé
Les casinos physiques, et plus spécifiquement les salles de jeux, sont en première ligne. En raison des marges extrêmement serrées et des coûts d’exploitation incompressibles, beaucoup n’ont pas survécu à la première hausse fiscale.
Dans le Limbourg, plusieurs établissements ont fermé : Brunssum, Geleen, Heerlen, Maastricht, Valkenburg… et la liste s’allonge.
Deux géants du secteur sont particulièrement touchés :
- Janshen-Hahnraths Group (Fair Play) a dû fermer plusieurs implantations.
- JVH Gaming, maison-mère de Jack’s Casino, Flash Casino et Flamingo Casino, a fermé 23 salles en réponse directe à la pression fiscale.
Jo Bosch explique l’impossibilité de compenser la hausse par une simple augmentation des tarifs :
«Vous devez offrir quelque chose à vos visiteurs. Et augmenter le prix d’un jeu – actuellement de 20 centimes – par indexation n’est pas légalement autorisé. Le prix actuel par jeu date de 2002.»
Autrement dit, les opérateurs ne peuvent ni réduire leurs coûts au-delà de ce qui a déjà été fait, ni répercuter l’impôt sur les clients. La conséquence : une érosion rapide de la rentabilité et la menace d’une disparition pure et simple du modèle terrestre.
Baisse des recettes fiscales
Les opérateurs en ligne, mieux armés technologiquement et plus flexibles dans leur gestion, parviennent à absorber une partie de la charge fiscale. Mais pour les casinos physiques, les marges de manœuvre sont inexistantes. Le président de la Kansspelautoriteit, Michel Groothuizen, le reconnaît :
«Les mesures de protection des joueurs ont rendu la situation financièrement plus difficile pour les opérateurs. Cela a entraîné une baisse des recettes fiscales.»
Cette situation alimente indirectement une dérive vers le marché illégal, comme le souligne Björn Fuchs, président de la NVLOK et dirigeant du groupe Janshen-Hahnraths :
«Les joueurs se tournent vers l’illégalité. La combinaison de régulations excessives et de la hausse fiscale a un effet inverse à celui recherché.»
Une promesse gouvernementale oubliée
Le ressentiment du secteur s’amplifie au regard des promesses passées. Avant la légalisation du marché des jeux en ligne en 2021, le gouvernement avait promis une baisse à 25 % de la taxe pour les casinos terrestres afin de compenser leur désavantage concurrentiel. Cette réduction n’a jamais eu lieu.
«En octobre dernier, les partis ont constaté un manque de 200 millions d’euros. La solution fut simple : augmenter la taxe sur les jeux. C’est un mépris total des engagements pris.» déplore Jo Bosch.
Appel à un moratoire fiscal
Face à ce constat d’échec, les fédérations professionnelles VNLOK et VAN Kansspelen demandent de geler toute nouvelle augmentation de taxe, prévue pour janvier 2026, et à lancer une étude d’impact indépendante.
Jo Bosch, pour sa part, s’inquiète, si la taxe monte à 37,8% il ne restera bientôt plus de casinos légaux aux Pays-Bas.