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Rapport annuel 2024 : l’année de tous les défis pour la CJH

L’année 2024 aura été difficile pour la Commission des jeux de hasard (CJH). Entre réformes législatives mal coordonnées, crise de personnel et explosion du jeu en ligne, l’organisme régulateur dresse un constat alarmant mais lucide. 

Une présidente lucide face à une année chaotique

“2024 n’a pas été une année facile,” admet sans détour Magali Clavie, présidente de la CJH.

Pourtant, malgré les contraintes, la Commission a continué à exercer son rôle de gardien du jeu responsable. Son mot d’ordre : protéger le joueur tout en garantissant une concurrence équitable.

Explosion des auto-exclusions

Le système EPIS, qui centralise les joueurs exclus, continue de s’imposer comme outil phare. Fin 2024, 56 458 personnes s’étaient auto-exclues, contre 49 708 un an plus tôt. L’essor est lié à la possibilité d’exclusion via l’application itsme®, utilisée dans près de 80 % des cas.

Fait nouveau, 21 % des demandes comportaient une “personne de confiance”, un proche informé de la démarche du joueur, signe d’une approche plus humaine de la prévention.

En novembre 2024, la CJH a franchi le cap symbolique des 1 000 exclusions à la demande d’un proche. Parents, conjoints ou enfants signalent désormais plus facilement un comportement de jeu problématique.

L’été 2024, marqué par l’Euro de football et les Jeux olympiques, a donné lieu à une campagne inédite : “Fais une pause avec EPIS”. Clips télévisés, réseaux sociaux, collaborations avec la RTBF et RTL-TVI : l’opération a visé des millions de téléspectateurs. La présidente a aussi pris la parole lors de la European Safer Gambling Week pour défendre une régulation moderne et protectrice.

Des chiffres qui interrogent

Le nombre moyen de joueurs en ligne actifs en 2024 s’élève à 155 643 par jour, en légère hausse mais stabilisée après plusieurs années d’essor. En revanche, la fréquentation des établissements physiques recule, avec 15 937 visites par jour contre plus de 17 000 fin 2023.

Les jeunes de 21 à 29 ans représentent la plus forte progression (+8 951 nouveaux joueurs). L’Euro 2024 à lui seul a généré 31 481 nouveaux comptes.

Un système de limitation financière critiqué

La CJH tire la sonnette d’alarme sur le système de limite de dépôt à 200 € par semaine, censé protéger les personnes en défaut de paiement. En pratique, 285 783 joueurs ont pu augmenter cette limite en 2024, ce qui oblige la CJH à interroger chaque mois la Banque nationale de Belgique (BNB) pour vérifier leur solvabilité.

Coût total : 453 877 € en 2024, soit 8,6 % du budget annuel de la Commission. Et la facture pourrait grimper à 700 000 € en 2025.

Le contrôle du secteur : une tâche titanesque

Depuis mars 2024, quatre contrôleurs de la CJH ont été reconnus officiers de police judiciaire (OPJ). Ils peuvent dresser des procès-verbaux et saisir du matériel illégal. En 2024, ils ont rédigé 74 PV pénaux, saisi 72 machines à sous et 48 000 € en espèces.

Deux grandes opérations ont marqué l’année : le plan Été 24, axé sur la publicité et l’Euro 2024, et le plan Automne 24, consacré à l’interdiction des bonus et au relèvement de l’âge minimal.

Les résultats :

  • 95 contrôles de publicité → 48 infractions constatées ;
  • 121 contrôles EPIS et d’âge → 72 infractions ;
  • 256 contrôles au total → 24 dossiers transmis au parquet.

Le combat contre les opérateurs sans licence reste une priorité. En 2024, 101 sites illégaux ont été identifiés, 61 procès-verbaux envoyés au parquet et 105 URL placées sur liste noire. Cependant, la CJH regrette un manque de moyens informatiques : elle ne peut pas encore se connecter anonymement à ces sites pour les tester.

Licences : un marché en repli mais stabilisé

Au 31 décembre 2024, la Belgique comptait 14 997 licences actives, toutes catégories confondues. Les chiffres montrent une tendance à la consolidation :

  • 9 casinos et leurs plateformes en ligne (A+) ;
  • 175 salles de jeux automatiques ;
  • 4 272 cafés détenteurs de licence C (en baisse continue) ;
  • 408 agences de paris contre 467 un an plus tôt ;
  • 1 281 librairies agréées, conséquence directe de l’arrêté « librairies » de 2022 ;
  • 5 hippodromes actifs.

Les formations pour le personnel (licence D) ont été relancées, signe que la CJH veut miser sur la compétence et la sensibilisation.

Une réforme attendue pour 2025

L’accord gouvernemental du 31 janvier 2025 prévoit un transfert de tutelle vers le ministre de l’Économie et une réforme structurelle de la Commission. Objectif : en faire un régulateur fort, autonome et moderne. Après vingt-cinq ans d’existence, la CJH espère enfin disposer de l’indépendance qu’exige son rôle.

Le rapport annuel 2024 de la Commission des jeux de hasard révèle une institution lucide sur ses faiblesses mais déterminée à évoluer. Entre régulation, prévention et modernisation, l’année 2025 pourrait être celle du renouveau… à condition que les promesses politiques se traduisent en actes concrets.

Maxime: Au cœur du Gambling Club se trouve notre journaliste dévoué, Maxime (32 ans), dont la passion pour le journalisme va au-delà du simple reportage des faits. Doté d’un sens aigu du détail et d’une curiosité insatiable, Maxime s’efforce de découvrir les histoires qui comptent, qui façonnent notre communauté et qui influencent le monde qui nous entoure. Avec des années d'expérience dans l'industrie du jeu, allant des reportages d'actualités locales aux enquêtes internationales, Maxime apporte une compréhension approfondie des complexités du paysage médiatique actuel.
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