Richard Wilhelm Jarecki, né le 1er décembre 1931 à Stettin (actuelle Szczecin, Pologne) et décédé le 25 juillet 2018 à Manille, était un médecin d’origine allemande devenu célèbre pour avoir déjoué la roulette des casinos européens dans les années 1960-70.
D’une enfance marquée par l’exil à une vocation scientifique
Richard Wilhelm Jarecki est né le 1er décembre 1931 à Stettin, une ville allemande à l’époque, aujourd’hui située en Pologne sous le nom de Szczecin. Issu d’une famille juive allemande, il grandit dans un climat d’instabilité politique. Fuyant la montée du nazisme, sa famille émigre aux États-Unis à la fin des années 1930, comme des milliers d’autres cherchant à échapper à la persécution.
Installé à Asbury Park, dans le New Jersey, le jeune Richard se distingue rapidement par ses aptitudes académiques. Brillant élève, il poursuit des études en médecine à l’Université Duke, puis obtient un doctorat à Heidelberg en Allemagne, renouant ainsi symboliquement avec ses racines européennes. Ce parcours transatlantique forgera chez lui une curiosité scientifique rigoureuse, mêlée à un esprit d’analyse qui allait bientôt s’illustrer dans un tout autre domaine : celui du jeu.
L’observation comme arme secrète
Plutôt que de miser aveuglément, Jarecki a entrepris une démarche quasi-scientifique. Avec l’aide de son épouse Carol et d’autres assistants, il a collecté les résultats de dizaines de milliers de tours de roues dans plusieurs casinos européens. Pourquoi ? Chaque roue, avec le temps, développait de minuscules défauts (éclats, bosses, accrocs) qui influencent légèrement la trajectoire de la bille.
Grâce à cette méthode, Jarecki a remporté l’équivalent de plus de 5 millions d’euros d’aujourd’hui en quelques mois dans les casinos de Sanremo, Monaco, Cannes et Monte‑Carlo. Contrairement aux martingales vouées à l’échec, son approche fondée sur la statistique et la mécanique rendait le casino vulnérable.
Les établissements, attrapant la supercherie, n’ont pas tardé à réagir : ils ont remplacé les roues, affiné les tolérances de fabrication et commencé à bannir Jarecki de leurs tables. Le gérant du casino de Sanremo, un casino où il a gagné plus de 1,2 million de dollars (équivalent aujourd’hui à environ 7 millions d’euros) en un week-end, l’a qualifié de “menace pour tous les casinos d’Europe”.
Une reconversion à succès
Après ces succès, Jarecki retourna aux États‑Unis et se lança dans le commerce de matières premières (or, argent), tout en continuant à jouer dans les casinos d’Atlantic City et Las Vegas. Installé plus tard à Manille, il s’éteint en 2018 à l’âge de 86 ans, laissant derrière lui un héritage de gains légendaires et un exemple de méthode rigoureuse.
Comment la stratégie a-t-elle fonctionné ?
- Collecte massive de données : avec son équipe, Jarecki relevait systématiquement les numéros gagnants.
- Analyse rigoureuse : il traquait les écarts statistiques grâce à des outils – ou en prétendant utiliser un ordinateur de l’Université de Londres pour brouiller les pistes .
- Exploitation prudente : la mise était graduelle, sans précipitation.
Mais alors… était-ce légal ?
Oui : Jarecki n’a jamais triché, truqué ou trahi les règles du casino. Il exploitait des imperfections mécaniques — une zone grise mais légale. Les casinos, conscients du danger, ont décidé de moderniser leurs équipements.
La stratégie de Jarecki fonctionne-t-elle encore aujourd’hui?
Si la stratégie de Richard Jarecki a fait sensation dans les années 1960 et 1970, il est important de préciser qu’elle ne fonctionne plus aujourd’hui. À l’époque, les roues de roulette utilisées dans les casinos présentaient des défauts de fabrication minimes mais récurrents : légers déséquilibres, usure mécanique, ou imperfections dans les frettes pouvaient influencer le comportement de la bille. Jarecki avait su exploiter ces failles avec une précision scientifique, en observant et analysant des milliers de tirages pour détecter les biais récurrents.
Mais les casinos ont appris de cette leçon. Depuis les années 1980, les fabricants de roues de roulette ont amélioré considérablement la qualité et la précision de leurs équipements. Les roues modernes sont régulièrement vérifiées, recalibrées, et conçues avec une tolérance d’erreur extrêmement faible. Les casinos remplacent également leurs roues plus fréquemment pour éviter toute usure exploitée. Par ailleurs, la surveillance numérique et les systèmes de détection automatisés rendent toute tentative d’observation prolongée quasiment impossible.