Depuis avril 2025, la British Horseracing Authority (BHA) tire la sonnette d’alarme : le gouvernement britannique envisage de fusionner les taxes sur les paris en ligne, passant la taxation des paris hippiques de 15 % à 21 %, soit le même taux que les jeux de casino. Ce changement représenterait une perte d’au moins 66 millions de livres par an (environ 76 millions d’euros) pour la filière, avec un risque de s’élever à 160 M £ (185 M €) si les taux augmentent davantage.
Quel impact pour la filière ?
Selon la BHA, une augmentation de la fiscalité sur les paris en ligne toucherait en premier lieu les opérateurs, qui seraient contraints de revoir leurs offres à la baisse, en réduisant notamment les promotions, la publicité ou en répercutant les coûts sur les consommateurs. Ce déséquilibre affecterait ensuite l’ensemble de la chaîne de valeur : les revenus liés aux marges bénéficiaires, aux droits de diffusion et aux accords commerciaux subiraient une forte baisse. Cette contraction économique entraînerait des suppressions d’emplois, fragilisant particulièrement les zones rurales où l’activité hippique constitue un pilier essentiel de l’emploi local.
D’après les modèles économiques de la BHA, si le taux passe à 25 %, la perte grimperait à 97 M £ (112 M €) ; à 30 %, 126 M £ (145 M €) ; et à 40 %, jusqu’à 160 M £ (185 M €). Un véritable scénario catastrophe si rien ne change.
Une mobilisation via « Axe the Racing Tax »
Pour riposter, la BHA a lancé la campagne « Axe the Racing Tax », prévue tout au long de l’été. L’objectif ? Mobiliser les acteurs, les parieurs et le grand public pour appuyer une pétition destinée aux députés et exprimer leur opposition d’ici la clôture de la consultation ministérielle le 21 juillet.
Brant Dunshea, directeur général par intérim de la BHA:
“Il est essentiel que toutes les personnes travaillant dans le secteur des courses, les médias et les parieurs soutiennent et promeuvent pleinement cette campagne. La consultation du gouvernement sur l’harmonisation des obligations en matière de paris en ligne, si elle est suivie d’effet, représente l’un des risques les plus graves pour les courses que le sport ait jamais connu. Elle creusera un énorme trou dans les finances des courses, mettra en péril des milliers d’emplois en Grande-Bretagne et menacera l’avenir du deuxième sport le plus populaire du pays et d’une institution nationale qui nous est chère. D’ici au budget, nous allons marteler un message très simple aux députés, aux pairs et au gouvernement au nom de millions de fans de courses. Il est temps que le gouvernement soutienne les courses britanniques et supprime la taxe sur les courses.”
Le site Racing TV propose un portail dédié facilitant l’envoi de courriels personnalisés aux députés. L’appel de Stuart Williams, entraîneur de renom, est sans équivoque :
“Nous proposons des paris basés sur l’habileté. Il est difficile de convaincre les gens qui ne comprennent pas que tous les jeux d’argent sont différents, mais c’est ce que nous devons faire comprendre. Les paris sur les courses ne sont pas les mêmes que les jeux de casino ou la loterie, que tout le monde semble heureux de voir se dérouler sans restriction. Cela pourrait avoir d’énormes conséquences pour les courses et leur financement. Les courses sont un produit coûteux pour les bookmakers. Si nous pouvions arriver à une situation où, grâce au régime fiscal, il deviendrait moins coûteux pour les opérateurs, il est certain qu’ils le promouvraient encore plus qu’ils ne le font à l’heure actuelle.”
Des voix issues de toute la filière
Au-delà de la BHA, les éleveurs et entraîneurs s’unissent. Philip Newton, président de la Thoroughbred Breeders’ Association, alerte : l’industrie de l’élevage pourrait souffrir d’une baisse de 25 % des naissances en 2026 si les revenus chutent. Il insiste :
« L’industrie de l’élevage perd des éleveurs de manière exponentielle et la production de poulains est soumise à la pression la plus forte. Une goutte de plus et le vase finira par déborder. »
Stuart Williams:
“Dans ce pays, il n’y a rien de plus historique. L’histoire et l’apparat sont extraordinaires, mais tout cela pourrait bientôt être mis en péril si nous n’y prenons pas garde. Un gouvernement qui assisterait à la disparition des courses britanniques ne ferait pas bonne figure.”
Le All‑Party Parliamentary Group for Racing and Bloodstock va dans le même sens, appelant le gouvernement à agir vite pour préserver cette institution nationale précieuse. En parallèle, des entraîneurs de Newmarket ont rencontré Kemi Badenoch, étendant la pression politique et médiatique.
Les conséquences collatérales
Outre les pertes directes, la mesure risque d’accentuer l’exode vers le marché noir des paris, où les protections sont plus limitées et aucun impôt n’est versé. Par ailleurs, la limite des contrôles d’accessibilité, instaurée pour freiner le jeu excessif, complique encore la donne avec une baisse sensible du chiffre d’affaires.