Le gouvernement britannique envisage de porter la taxe appliquée aux jeux de hasard en ligne de 21 % à un niveau record de 41 %. Cette décision, qui serait l’une des plus agressives de l’histoire fiscale du secteur des jeux au Royaume-Uni, s’inscrit dans une stratégie budgétaire visant à combler un déficit public estimé à plus de 30 milliards de livres.
Alors que le chancelier de l’Échiquier cherche des moyens de générer de nouvelles recettes sans alourdir les impôts traditionnels, cette piste fiscale ciblée sur le jeu en ligne est sérieusement considérée. Mais à quel prix ?
Un choc brutal pour l’industrie du iGaming
Cette augmentation représenterait près du double du taux actuel de 21 % appliqué au « Remote Gaming Duty », impôt spécifique aux jeux de hasard à distance. Le secteur, qui contribue déjà à hauteur de 3,3 milliards de livres par an en taxes au Trésor, pourrait se retrouver asphyxié.
Une étude YouGov, commandée en 2024 par le Betting and Gaming Council, révèle que 65 % des joueurs réguliers se disent prêts à se tourner vers des sites non agréés si la taxation devient trop lourde. Ces plateformes, souvent hébergées à l’étranger, échappent à toute régulation britannique et ne garantissent aucune protection aux consommateurs.
Le gouvernement, de son côté, affirme vouloir protéger les joueurs tout en responsabilisant les opérateurs. Mais l’équilibre entre protection et répression semble plus fragile que jamais.
Une filière déjà fragilisée
Depuis la publication du « White Paper » sur la réforme des jeux en ligne en avril 2023, l’industrie s’adapte à de nouvelles restrictions, comme des limites de mises sur les machines virtuelles ou encore la création d’un fonds obligatoire destiné à soutenir les traitements du NHS liés à l’addiction.
Ces mesures, combinées à une augmentation d’impôt aussi brutale, pourraient selon les analystes provoquer une réduction nette de l’offre légale, une consolidation forcée du marché, et des pertes d’emplois massives.
Une décision hautement politique
À l’approche d’élections générales anticipées, prévues courant 2025 ou début 2026, le gouvernement cherche à financer les services publics sans toucher aux taxes les plus visibles, comme la TVA ou l’impôt sur le revenu.
Taxer les jeux, en particulier en ligne, présente un avantage politique : les opérateurs sont peu populaires, les excès du jeu font débat, et le grand public perçoit parfois cette industrie comme moralement contestable.
Mais cette stratégie pourrait s’avérer à double tranchant. Une trop forte pression fiscale risquerait de réduire les recettes plutôt que de les augmenter, en déplaçant les activités vers des zones grises ou vers l’étranger.
Le Royaume-Uni a longtemps été considéré comme l’un des environnements réglementaires les plus équilibrés d’Europe en matière de jeux en ligne. Cette réputation pourrait être compromise si la hausse à 41 % était confirmée dans la prochaine loi de finances.
Le débat est désormais lancé : faut-il considérer les jeux en ligne comme une simple source de revenus publics, ou comme un secteur stratégique à encadrer avec justesse ?