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Suède : Vers l’interdiction du crédit dans les jeux d’argent

Le gouvernement suédois franchit une nouvelle étape dans sa lutte contre l’addiction au jeu et le surendettement : une proposition de loi vient d’être soumise pour interdire l’usage du crédit dans les jeux d’argent. 

Le crédit comme facteur aggravant

Si les jeux d’argent représentent déjà un facteur de risque pour la santé mentale et financière des joueurs vulnérables, l’accès au crédit amplifie ce danger. Le projet de loi entend donc interdire non seulement le crédit direct des opérateurs de jeux, mais aussi les paiements via des prestataires tiers lorsque le moyen de financement est un crédit.

Le gouvernement veut aussi éviter que des consommateurs contournent cette interdiction par des achats indirects. Ainsi, les cartes de crédit, les services de paiement différé comme Klarna ou tout autre mécanisme pouvant être assimilé à un crédit, seraient visés.

Des limites déjà existantes… mais jugées insuffisantes

La législation actuelle interdit déjà aux opérateurs d’accorder directement du crédit à leurs clients. Cependant, cette règle ne couvre pas les solutions de paiement proposées par des tiers. Ces canaux, souvent utilisés dans le secteur de l’iGaming, permettent à un joueur de se retrouver endetté sans même passer par le site de jeu lui-même. C’est cette faille que la proposition actuelle veut combler. 

“Jouer de l’argent à crédit peut entraîner de grandes difficultés financières. C’est pourquoi nous mettons fin à cette possibilité. Il n’est pas raisonnable que des sociétés ou des agents de jeux d’argent contribuent à ce que des personnes prennent des risques aussi importants,” avait déclaré le ministre des marchés financiers, Niklas Wykman, lorsqu’une première loi limitant l’utilisation du crédit dans les jeux d’argent avait été adoptée.

Une réaction à une croissance préoccupante

Les autorités suédoises s’inquiètent de l’augmentation du nombre de personnes faisant appel à des services de conseil en dettes liés aux jeux. Selon l’agence suédoise Konsumentverket, les joueurs qui utilisent le crédit pour financer leurs habitudes de jeu sont statistiquement plus à risque d’accumuler des dettes non remboursables.

Dans une étude de 2023, près de 40 % des joueurs à problèmes en Suède déclaraient avoir utilisé un crédit pour financer leurs activités de jeu. Cette statistique, inquiétante, a renforcé la volonté politique d’agir vite.

L’industrie du jeu sur la défensive

Sans surprise, les opérateurs de jeux d’argent, notamment les sociétés de paris en ligne, observent cette proposition avec inquiétude. Bien que le gouvernement assure que la mesure vise à renforcer la responsabilité sociale, certains acteurs du secteur craignent un effet négatif sur leur chiffre d’affaires et sur la fluidité des paiements. Cet argument, répété à plusieurs reprises par l’industrie, fait craindre une augmentation des jeux sur des plateformes illégales, qui ne sont soumises à aucune régulation.

Des exceptions envisagées sous conditions strictes

Bien que la proposition de loi vise une interdiction générale du recours au crédit dans les jeux d’argent, le gouvernement suédois prévoit néanmoins certaines exemptions. Celles-ci pourraient notamment concerner certaines loteries, en particulier celles à vocation sociale ou caritative. L’exécutif souhaite ainsi protéger des initiatives jugées bénéfiques pour la collectivité, tant qu’elles ne sont pas liées à des intérêts politiques.

“Des exceptions doivent être accordées pour des raisons particulières, par exemple pour les loteries par abonnement et les jeux supplémentaires, à condition que des mesures de protection soient prises pour limiter le montant du crédit,” a précisé le gouvernement. 

C’est l’Autorité suédoise de régulation des jeux, la Spelinspektionen, qui serait chargée de superviser et d’évaluer ces dérogations, afin d’assurer qu’elles ne contournent pas l’objectif fondamental de la réforme : limiter les risques financiers pour les joueurs vulnérables.

Un calendrier déjà en place

La proposition est actuellement en phase de consultation publique, ouverte jusqu’au 23 juillet 2025. Si elle est adoptée, la loi pourrait entrer en vigueur dès le 1er avril 2026. D’ici là, le gouvernement suédois espère recueillir les avis d’experts, d’associations de consommateurs et d’acteurs du secteur pour affiner le texte final.

La Belgique interdit déjà le crédit dans les jeux d’argent

La Belgique figure parmi les pays européens les plus stricts en matière de jeu responsable. Dans le cadre de sa législation actuelle, il est totalement interdit de jouer dans les casinos (qu’ils soient physiques ou en ligne) à l’aide de cartes de crédit. Seules les cartes de débit, comme Visa Debit ou Mastercard Debit, sont autorisées.

Cette mesure, inscrite dans la loi belge, vise à limiter l’endettement des joueurs en interdisant toute transaction effectuée à crédit. Les plateformes de jeu sont obligées de refuser les paiements par carte de crédit, sous peine de sanctions. Ce modèle, salué par de nombreuses associations de protection des consommateurs, sert aujourd’hui d’exemple aux pays qui envisagent une régulation plus stricte du secteur.

Julien: Passionné par l’univers des jeux de hasard, Julien est un spécialiste reconnu des casinos en ligne et des paris sportifs. Depuis plusieurs années, il analyse les tendances du secteur, décrypte les stratégies des opérateurs et guide les joueurs dans leur quête de divertissement responsable et de gains potentiels. Doté d’une plume claire et rigoureuse, il met un point d’honneur à fournir des contenus fiables, actualisés et accessibles à tous. Son objectif : offrir aux lecteurs une information de qualité, à la fois pédagogique et engageante, pour mieux comprendre les rouages d’un secteur en constante évolution.
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