Dès le 1er janvier 2025, l’entrée en vigueur du régime régulé des paris au Brésil a marqué une étape historique. Dans les six premiers mois, l’Administration fiscale fédérale (RFB) a perçu 3,8 milliards de R$ (environ 590 millions d’euros) au titre des taxes auprès des opérateurs licenciés. Ce chiffre confirme l’ampleur du marché régulé naissant, mais soulève rapidement des tensions quant à la charge fiscale pour les entreprises concernées.
Comment la taxation s’est-elle construite ?
Le régime initial, prévu depuis la loi de régulation de 2023, fixait un taux de 12 % sur le chiffre d’affaires brut (GGR) des opérateurs, complété par une taxe sur les gains des joueurs de 15 % au-delà de 2 824 R$ (508,05 €).
Une augmentation controversée à 18 % du GGR
En juin 2025, sous l’impulsion du ministre des Finances Fernando Haddad, le gouvernement a publié une mesure provisoire visant à augmenter le taux à 18 % du GGR, soit une hausse de 50 % par rapport à la règle initiale. Cette mesure est entrée en vigueur immédiatement, mais reste soumise à l’approbation formelle du Sénat et de la Chambre des députés avant d’être permanente.
Les associations professionnelles du secteur, dont l’IBJR, alertent sur un effet pervers possible. Elles rappellent également que de nombreuses entreprises ont bâti leur modèle économique sur le taux initial de 12 % et s’inquiètent de leur viabilité financière face à cette réforme fiscale.
Udo Seckelmann, responsable des jeux d’argent et des cryptomonnaies au sein du cabinet d’avocats brésilien Bichara e Motta Advogados :
“Des charges excessives ou des restrictions disproportionnées pourraient pousser les consommateurs et les opérateurs à se tourner vers des alternatives non réglementées, ce qui réduirait en fin de compte les recettes fiscales.”
Dans les premiers mois de 2025, le marché illégal opérait à un rythme estimé entre 6,5 et 7 milliards de R$ mensuels (environ 1 milliard d’euros), hors contrôle de l’État. Ce déséquilibre persistant alimente les craintes d’un transfert de l’activité légale vers des plateformes non régulées, encouragé par une taxation jugée trop lourde.