Le Trimbos Instituut, centre néerlandais de recherche sur la santé mentale et les addictions, vient de publier une nouvelle infographie sur un sujet sensible : les dégâts liés au jeu. L’objectif est de mettre en lumière les conséquences, parfois irréversibles, du jeu d’argent sur les individus, leurs proches et la société tout entière.
Une spirale destructrice
L’infographie insiste sur un mécanisme bien connu des spécialistes : le cercle vicieux du jeu. Bien souvent, les personnes concernées avaient déjà des difficultés financières ou personnelles avant de commencer à jouer. L’espoir d’un gain devient alors une illusion de solution rapide.
Mais lorsque les pertes s’accumulent, l’engrenage s’enclenche : dettes, stress, nouvelles tentatives de “se refaire”, aggravation des problèmes.
Le Trimbos Instituut distingue trois grands champs où les dégâts du jeu se manifestent :
Les finances
La conséquence la plus visible reste l’argent. De nombreux joueurs n’arrivent plus à couvrir leurs besoins essentiels : loyer, alimentation, soins. Pour combler les trous, certains empruntent, parfois à des taux exorbitants, ou basculent dans l’illégalité. Dans les cas les plus graves, cette dérive mène au surendettement, à la perte du logement, voire à la criminalité.
La santé
Le jeu n’est pas seulement une affaire d’argent : il pèse lourdement sur la santé mentale et physique. L’infographie souligne l’apparition fréquente de stress chronique, honte, dépression et pensées suicidaires. Le corps n’est pas épargné : longues sessions de jeu entraînant un mode de vie sédentaire, troubles du sommeil, consommation accrue d’alcool et de drogues.
Les relations
Enfin, la sphère relationnelle subit de plein fouet l’impact du jeu compulsif. La méfiance s’installe, les disputes éclatent, la violence peut surgir. Dans certains cas, les couples se séparent, les familles se fracturent et les amitiés se perdent. Le joueur, replié sur lui-même, s’isole de son entourage.
Les conséquences de l’addiction
La dépendance ne s’arrête pas aux portes de la maison. L’obsession du jeu perturbe la concentration et réduit les performances au travail ou dans les études. L’infographie du Trimbos évoque des abandons scolaires et des pertes d’emploi.
Pire encore, certains salariés en détresse sont tentés de commettre des fraudes ou des vols pour financer leurs mises, ce qui se solde par un licenciement et parfois des poursuites judiciaires.
L’impact du jeu pathologique dépasse la sphère individuelle. L’infographie rappelle que les joueurs dépendants se retirent souvent des activités sociales, ce qui favorise l’isolement et la solitude. À grande échelle, cela fragilise le tissu social des quartiers, des clubs ou des associations.
Pour la collectivité, la facture est lourde : soins de santé mentale, services de médiation de dettes, interventions judiciaires. En d’autres termes, les dégâts du jeu se répercutent sur l’ensemble de la société.
Un message clair : prévenir plutôt que guérir
Avec son infographie, le Trimbos Instituut veut marquer les esprits. L’objectif n’est pas de diaboliser le jeu en lui-même, mais d’alerter sur les dommages disproportionnés qu’il peut engendrer lorsqu’il devient compulsif.
Derrière les chiffres et les infographies se trouvent des destins bouleversés, des familles éclatées, des communautés fragilisées. En publiant ce document, l’institut appelle à ne pas détourner le regard et à prendre conscience de l’ampleur d’un phénomène qui dépasse largement la sphère individuelle.
Le jeu, activité de divertissement pour certains, peut devenir une véritable tragédie pour d’autres. Et c’est bien là le message clé : comprendre les dégâts du jeu, c’est ouvrir la voie à une meilleure prévention et à une prise de conscience collective.