Un greffier de la justice de paix à Jette, en Belgique, se retrouve au cœur d’une affaire judiciaire dramatique : il a avoué avoir détourné 190 000 € sur le compte du greffe. Le parquet du Roi réclame pour lui une peine sévère : 5 à 10 ans de prison, en plus d’un remboursement total des fonds détournés.
Le piège du jeu : une descente aux enfers
Selon les audiences, les premiers retraits frauduleux remontent à 2019, date à laquelle le greffier, en proie à des problèmes d’addiction aux jeux de hasard, a commencé à puiser dans les comptes du greffe.
Lors de son témoignage, il a expliqué que son addiction était telle qu’elle a fini par justifier ces détournements : plutôt que de regarder en face ses dettes et sa dépendance, il a puisé régulièrement dans les fonds publics pour alimenter ses paris.
L’avocate du prévenu, Me Nathalie Gallant, n’a pas minimisé les actes : elle a décrit la situation de son client comme une descente aux enfers du jeu. Elle a souligné la honte qu’il ressent face à l’acte, en particulier vis-à-vis de la justice.
Le réquisitoire du parquet : une image de la justice en péril
De son côté, le procureur du Roi, Julien Moinil, a insisté sur la gravité des faits : pour lui, le greffier ne s’est pas seulement attaqué aux finances de la justice, mais à l’image et à la dignité même de cette institution.
Le parquet réclame non seulement une peine de 5 à 10 ans de prison, mais aussi le remboursement intégral des 190 000 €, versés sur le compte de la justice de paix de Jette, déjà en difficulté financière : selon le ministère public, il manque aujourd’hui des fonds nécessaires pour rémunérer correctement les greffiers.
En plus de la peine et du remboursement, le procureur demande que le greffier soit pris en charge pour son addiction et qu’il présente une recherche d’emploi sérieuse en dehors de la fonction publique.
Une addiction qui coûte cher… à la justice
Cette affaire met en lumière un dilemme troublant : comment faire face à une addiction sévère quand on occupe un poste de confiance ? Le greffier en question avait accès à des fonds publics, et l’absence de contrôles stricts semble avoir permis à son comportement de se prolonger sur plusieurs années.
L’addiction aux jeux n’est pas un simple vice : elle peut pousser à des actes criminels, comme l’a souligné la défense. Mais la justice se doit aussi de protéger la confiance du public : l’image d’un greffier qui détourne l’argent de la justice fragilise l’institution toute entière.
Le procès de ce greffier de la justice de paix de Jette est l’un de ces cas où la faillite morale et financière se mêlent dramatiquement. Le réquisitoire sévère du parquet traduit à la fois une sanction nécessaire et un avertissement : la justice ne peut tolérer la dérive, même quand elle est alimentée par la souffrance. Le jugement à venir sera sans doute scruté de près, tant pour sa dimension pénale que pour son signal à la fonction publique.