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Unibet : scandales, amendes, et avenir incertain

Depuis des années, Unibet domine le marché des jeux en ligne aux Pays-Bas. Mais la route vers 2027 s’annonce délicate. Plusieurs décisions judiciaires, des sanctions record et des accusations de manquements graves à la protection des joueurs pèsent lourdement sur l’avenir du géant du pari. Unibet pourra-t-il vraiment conserver sa licence en 2027 ?

Une histoire d’illégalité prolongée et de réparations forcées

Pendant près de 20 ans, Unibet aurait opéré sans licence légale sur le marché néerlandais. Des tribunaux ont déjà condamné l’entreprise à restitutions massives pour les sommes perdues par des joueurs. Par exemple, la Rechtbank Den Haag a ordonné à l’ancienne entité de Unibet, Trannel International Limited, de rembourser un joueur à hauteur de 271 301,04 € en raison de l’absence de licence au moment des paris. Une autre décision, de la Rechtbank Noord-Nederland, a imposé à Unibet le remboursement de plus de 93 000 € suite à des pertes subies avant la régulation de 2021. 

Ces condamnations ne sont pas anecdotiques : elles illustrent un passif lourd, accablant, de plusieurs années d’opérations illégales — un passif que les tribunaux commencent à reconnaître et à sanctionner.

La protection des joueurs largement bafouée

L’accusation qui revient le plus souvent contre Unibet concerne la violation du devoir de diligence, c’est-à-dire l’obligation de veiller à la protection des joueurs, notamment contre le jeu excessif.

En décembre 2025, la Kansspelautoriteit (Ksa) a infligé à Unibet (via sa maison-mère Optdeck Service Limited) une amende record de 4 millions d’euros pour manquement à cette obligation. Selon la Ksa, l’entreprise n’a pas suffisamment réagi aux signaux alarmants : certains joueurs effectuaient des dépôts importants chaque jour, sans qu’aucune vérification ou intervention sérieuse ne soit menée. Les pop-up faciles à fermer et le retard dans la demande d’informations sur les revenus des joueurs ont été jugés irresponsables. 

De plus, en 2024, Unibet avait déjà écopé d’une amende de 400 000 € pour avoir autorisé des joueurs inscrits au registre d’exclusion volontaire Cruks (outil destiné à éviter le jeu problématique) à continuer à jouer. 

Ces manquements mettent en lumière des pratiques dangereuses : un acteur historique qui, malgré sa taille, n’aurait pas pris les mesures minimales pour protéger les joueurs vulnérables.

Des refus d’accès aux données, des recours judiciaires

Pour de nombreux anciens joueurs, recouvrer leurs pertes repose sur l’accès aux données de leurs mises et pertes passées. Or, Unibet a longtemps refusé de fournir cet historique, rendant toute demande de remboursement quasi impossible.

Mais depuis 2025, les choses évoluent. La Rechtbank Amsterdam a jugé qu’un joueur avait droit à l’accès à ses données de transaction, un droit garanti par la législation sur la protection des données personnelles (RGPD/AVG). Unibet a été condamnée à céder ces informations, sous peine d’une astreinte pouvant atteindre 10 000 €.

2027 : échéance critique pour la licence d’Unibet

Officiellement, la licence de Unibet délivrée par la Ksa arrive à expiration le 7 juin 2027. Mais la revalidation de cette autorisation est désormais loin d’être acquise. La Ksa a averti publiquement : une reconduction n’est pas automatique et l’historique de l’opérateur entre en compte. 

Plusieurs critères posent problème : des condamnations judiciaires, des amendes importantes, des pratiques de gestion jugées irresponsables, et un historique de refus de transparence. Tout cela pèse lourdement dans l’évaluation de la conformité d’Unibet aux exigences réglementaires. De surcroît, des acteurs de l’industrie demandent publiquement le retrait de la licence. 

Les victimes derrière les chiffres

Derrière les termes juridiques et les montants d’amendes, ce sont des personnes réelles qu’il faut compter. Un ancien joueur, cité dans un procès d’avril 2024, avait perdu une somme considérable entre 2014 et 2018 et, selon le récit, avait volé à son employeur pour continuer à jouer. Son père a dû se porter garant pour couvrir 70 000 € de dettes ; le joueur lui-même a passé plus de 3 ans en réhabilitation. 

Le cas Unibet illustre la complexité des paris en ligne, entre légalité, responsabilité, et tragédies personnelles. Les tribunaux ont commencé à rendre justice — non seulement en obligeant la restitution des pertes, mais aussi en reconnaissant le droit des joueurs à leurs données personnelles. 

Glen: Glen apporte un regard neuf sur l'actualité des jeux d'argent, combinant des compétences pointues en matière de recherche et un intérêt profond pour l'évolution du secteur. Il s'efforce toujours d'informer et de stimuler ses lecteurs en couvrant une grande variété de sujets.
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