Lors de l’édition 2025 de Wimbledon, l’All England Lawn Tennis and Croquet Club a franchi un nouveau cap. Adieu les suspects repérés uniquement via les cotes des bookmakers : Wimbledon déploie désormais des agents infiltrés (« spotters ») dans les tribunes pour traquer les courtsiders, ces parieurs en direct qui exploitent les délais entre le point réel et sa diffusion télévisée.
Qu’est-ce que le courtsiding ?
Le courtsiding, terme déjà connu à l’Open d’Australie 2013, désigne la transmission de données en temps quasi réel vers des réseaux de paris, avant la mise à jour officielle du score.
Ces opérateurs utilisent des smartphones modifiés ou des micros dissimulés, parfois jusque dans les chaussures, pour transmettre l’information avec une avance de quelques millisecondes : avantage décisif dans les marchés live où chaque instant compte.
Pourquoi Wimbledon réagit maintenant ?
Aujourd’hui, près de 75 % des paris sur le tennis se font en direct, sur les points, les sets ou les jeux. Cette explosion du in-play multiplie les occasions pour les réseaux criminels de tirer profit d’informations ultra-rapides.
De plus, les parieurs en tribune sont perçus comme une menace pour la crédibilité du tournoi. L’image de Wimbledon en tant que bastion de fair-play doit être protégée.
Une source a déclaré :
« Wimbledon est un Fort Knox de la bienséance et de l’équité. Nous nous donnons beaucoup de mal pour empêcher les gens d’exploiter notre sport de quelque manière que ce soit, y compris en profitant d’un problème technique inévitable pour gagner de l’argent. Il faut beaucoup de temps, d’efforts et d’expertise pour surveiller les joueurs de tennis, dont les activités se sont rapidement développées avec l’augmentation des jeux d’argent in-play. Plutôt que de simplement parier sur le résultat de matchs individuels ou sur le vainqueur du championnat, les syndicats parient désormais sur le résultat de sets, de matchs ou même de points individuels. »
Une contre-offensive en plusieurs volets
Agents infiltrés dans les gradins
Pour la première fois cette année, des spy‑spotters sont postés discrètement dans les tribunes. Leur mission : repérer les comportements suspects (échanges de regards, manipulations de smartphone, micros dissimulés) et faire sortir les individus concernés.
Blocage du Wi-Fi et contrôle technologique
L’accès Wi‑Fi du tournoi bloque désormais tous les sites de paris en ligne. Une no‑fly zone élargi protège également contre les drones survolant les courts.
Outils numériques et identification biométrique
Selon le Daily Mail, plusieurs suspects sont identifiés dès leur arrivée, avant même leur accès aux gradins, laissant penser à l’usage de technologies de reconnaissance faciale pour repérer récidivistes et personnes signalées sur les forums clandestins.
Tempête autour du face‑recognition ?
L’utilisation potentielle de la reconnaissance faciale soulève des interrogations sur la vie privée et la proportionnalité des mesures. À ce jour, ni l’All England Club ni les instances britanniques n’ont confirmé officiellement. Toutefois, la rapidité d’identification, estimée à 15 minutes après l’entrée par certains forums, suggère un système sophistiqué. Si la surveillance proactive renforce l’intégrité, la légalité de méthodes biométriques sur les spectateurs soulève un débat : quid du RGPD, du consentement et de la traçabilité ?
Enjeux éthiques et perspectives légales
À l’avenir, des lois comme celle de Victoria en Australie (2013) pourraient être émises en Europe, rendant le courtsiding pénalement répréhensible. En attendant, les instances sportives assument pleinement leur autorité disciplinaire.
La lutte contre les courtsiders a franchi un nouveau palier : infiltrations, blocages technologiques, reconnaissance faciale… Wimbledon affirme son engagement à défendre l’intégrité du sport. Reste à surveiller les prochains développements sur les plans juridique et éthique, alors même qu’un environnement transparent devient un enjeu global pour l’essor des paris sportifs responsables.