Papara : 330M$ blanchis, le fondateur arrêté dans une vaste affaire de jeux illégaux en Turquie
L’arrestation du fondateur de Papara, Ahmed Faruk Karslı, dans le cadre d’une vaste opération contre les jeux d’argent illégaux en Turquie, fait grand bruit. Les autorités turques intensifient leur lutte contre les paris illégaux et le blanchiment d’argent. Ils ont procédé à 13 arrestations au total.
Les autorités turques viennent de procéder à l’arrestation d’Ahmed Faruk Karslı, le fondateur et président de Papara, une des principales plateformes de paiement électronique en Turquie. Les forces de l’ordre ont mené des descentes dès 5 heures du matin à Istanbul, ce qui a permis l’arrestation d’Ahmed Faruk Karslı et de 12 autres suspects.
Ils ont été arrêtés suite à une enquête de grande ampleur menée par le bureau du procureur général d’Istanbul, visant des opérations de jeux d’argent illégaux et de blanchiment d’argent.
26 000 comptes impliqués et des milliards en jeu
Selon les données révélées par le ministère de l’Intérieur turc, les criminels auraient utilisé plus de 26 000 comptes Papara pour placer et transférer des mises illicites. Ces comptes ont servi à des transactions totalisant 12,9 milliards de livres turques (environ 330 millions de dollars). L’argent aurait ensuite été redistribué sur 274 autres comptes, avant d’être transféré vers des portefeuilles cryptos appartenant à des individus liés à quatre sites de paris illégaux distincts.
Blanchiment, cybercriminalité et cryptoactifs
Les accusations portées contre Ahmed Faruk Karslı incluent la création et la direction d’une organisation criminelle, ainsi que le blanchiment des revenus issus d’activités illégales. L’enquête a été coordonnée par la direction de la lutte contre la cybercriminalité de la police d’Istanbul, en collaboration avec le bureau du procureur général et la MASAK (Commission d’enquête sur les crimes financiers). Les fonds détournés ont été majoritairement convertis en crypto-monnaies.
Un patrimoine colossal saisi
Les autorités ont procédé à la saisie de biens d’une valeur estimée à 5 milliards de livres turques (environ 128,4 millions de dollars). Parmi les biens saisis figurent huit entreprises opérées par PPR Holding Inc, des yachts, cinq bateaux, 74 véhicules, trois coffres-forts ainsi que sept appartements et villas de luxe.
Une lutte gouvernementale contre les paris illégaux
L’arrestation d’Ahmed Faruk Karslı intervient seulement deux mois après une autre vague d’interpellations visant les dirigeants de PayFix, Aypara et Ininal, trois autres plateformes de paiement impliquées dans des réseaux similaires. Le gouvernement turc est bien décidé à enrayer la prolifération des jeux illégaux, considérés comme une menace pour la stabilité économique et sociale.
Le ministre de l’Intérieur Ali Yerlikaya a salué les efforts conjoints de la justice, des forces de l’ordre et de la MASAK :
«Les paris illégaux menacent non seulement les individus, mais aussi l’avenir de notre société. Nous poursuivrons notre combat avec détermination.»
Un climat de défiance pour la fintech turque
Cette affaire risque d’entraîner un resserrement réglementaire majeur dans le secteur des paiements numériques. Les autorités pourraient exiger des contrôles renforcés sur l’identité des utilisateurs, la traçabilité des transactions et la transparence des flux financiers. Pour les entreprises fintech turques, qui cherchent souvent à séduire investisseurs et partenaires à l’international, cette situation ternit leur réputation.
Papara : une fintech emblématique en Turquie
Créée en 2015 par Ahmed Faruk Karslı, Papara s’est rapidement imposée comme un acteur majeur de la finance numérique en Turquie. La plateforme permet à ses utilisateurs d’effectuer des transferts d’argent, de régler leurs factures, d’acheter des devises ou encore de gérer des cartes prépayées, le tout via une application mobile intuitive. En combinant simplicité d’utilisation et accessibilité, Papara a conquis plus de 23 millions de particuliers et plus d’un million d’entreprises, positionnant la marque comme une alternative innovante aux banques traditionnelles, notamment auprès des jeunes adultes et des utilisateurs non bancarisés.
Portée par une forte demande en solutions de paiement digitalisées, Papara a connu une croissance exponentielle et atteint en quelques années une valorisation dépassant les 2 milliards de dollars, devenant ainsi la première licorne fintech du pays. L’entreprise se distingue par la diversité de ses services, allant des transferts nationaux et internationaux à l’assurance, en passant par les investissements et les paiements in-app. Cette expansion rapide et la confiance des utilisateurs ont fait de Papara un symbole de la transition numérique de la finance turque, un statut aujourd’hui fragilisé par les accusations portées contre son fondateur.