Jeux en ligne en France : 3,6 milliards d’euros d’impact économique
La Commission des finances du Sénat s’est réunie pour une table ronde autour de l’actualité des jeux en France. L’intervention de Nicolas Béraud, Président de l’AFJEL, a offert un panorama inédit sur un secteur trop souvent méconnu.
L’écosystème des jeux en ligne : un pilier d’innovation
Nicolas Béraud a débuté son intervention par un constat : les jeux en ligne constituent un vivier d’emplois à haute valeur ajoutée. Environ 11 200 personnes travaillent dans ce secteur en France, la moitié d’entre elles hors des grandes métropoles. Cette implantation contribue à revitaliser l’économie locale.
Côté performance économique, l’impact est majeur : plus de 3,6 milliards d’euros générés sur tout le territoire. Derrière ces chiffres, on retrouve des entreprises d’ampleur : Betclic Group, WINAMAX, PMU, véritables fleurons de la tech française, maîtrisant des technologies stratégiques de souveraineté numérique et de cybersécurité.
En outre, l’implication des opérateurs de jeux dans le sport est exceptionnelle : ils ont versé 155 millions d’euros en 2024 pour soutenir le sport amateur, professionnel, et l’essor du sport féminin. Des financements ressentis dans tous les territoires et appréciés par les clubs.
Autre atout majeur : la réglementation. Avec plus de 50 textes législatifs, le secteur impose une des protections les plus strictes en temps réel, garantissant transparence, équité et contrôle, éléments essentiels pour l’image et la confiance des usagers.
Malgré tout, les idées reçues persistent
Contre toute attente, le numérique représente le plus petit segment du marché des jeux d’argent et de hasard. En effet, plus de 80 % de l’activité se fait dans les lieux physiques.
Ce retard numérique n’est pas anodin. La France enregistre un taux de pénétration de 18,5 %, loin derrière la moyenne européenne à 39 %, malgré une société de plus en plus digitalisée. Un contraste saisissant qui questionne les freins et obstacles dans ce secteur.
Une pression fiscale étouffante
Face à ce retard, le secteur fait face à une fiscalité hors norme : à partir du 1er juillet 2025, la pression fiscale atteindra 67,4 %, soit environ 17 fois la moyenne des entreprises françaises.
Les chiffres frappent : en 2024, ce sont 1,4 milliards d’euros de taxes versées sur 2,6 milliards de revenus. L’État en ressort grand bénéficiaire. Or cette charge fiscale pourrait fragiliser une industrie pourtant perçue comme robuste.
La montée en puissance du marché illégal : un danger pour tous
Au cœur de l’audition, un message fort : le marché illégal explose. Trois dangers majeurs sont pointés du doigt :
- La concurrence déloyale : sans taxes ni régulation, ces acteurs créent une concurrence inadmissible, menaçant les opérateurs légaux déjà affaiblis par la fiscalité.
- Un danger pour les joueurs : près de 4 millions de joueurs s’exposeraient à des risques énormes : fraudes, addictions, cyberattaques, vols de données.
- Une menace pour la sécurité nationale et la santé publique : certains sites illégaux sont liés à la criminalité organisée et représentent un risque pour la cybersécurité et la sûreté publique.
L’enjeu économique et sociétal
Pourquoi agir ? Car au-delà des chiffres, c’est tout un écosystème d’emplois, de technologies et de protection qui est en jeu. Ce secteur contribue à dynamiser des territoires, à soutenir le sport, à nourrir l’innovation, tout en garantissant un cadre fiable pour les joueurs.
Mais un déséquilibre fiscal couplé à l’essor du marché illégal menacent ce modèle vertueux. Le risque est double : un affaiblissement des entreprises, et une hausse des dangers pour les usagers.