La Grèce serre la vis contre les sites frauduleux
La Grèce a déclenché une vaste offensive contre le marché noir du jeu, accusé de priver l’État de milliards d’euros et de menacer la santé publique. Entre surveillance numérique, répression des réseaux clandestins et campagnes de prévention, Athènes entend transformer ce combat en modèle européen.
Une riposte de long terme face à un engrenage illégal
La Grèce vient de lancer ce 20 août 2025 ce que le gouvernement qualifie de « grève légale » contre le jeu illégal, terrestre et en ligne, perçu comme une menace substantielle sur le plan économique et social.
Un sondage mené par la Commission de contrôle des jeux (EEEP) et Kapa Research révèle l’ampleur du problème : en 2024, 800 000 Grecs (soit environ 9,5 % de la population) ont tenté leur chance dans des établissements ou sites de jeu illégaux.
Parmi eux, 390 000 jouaient sur des plateformes en ligne, 215 000 dans des lieux physiques, et 194 000 utilisaient les deux modes. En moyenne, chaque joueur dépensait 1 934 € par an, avec 28 % misant exclusivement sur des sites non autorisés.
Le profil type du joueur illégal ? Un homme de 25 à 44 ans, mais la tendance alarmante est la montée de pratiques chez les jeunes et étudiants, source d’inquiétude pour les autorités sanitaires et sociales.
Dès juillet, l’EEEP a mis en place une taskforce incluant la police, la justice et l’unité de renseignement financier. L’objectif : démanteler les réseaux criminels opérant dans l’ombre.
Une stratégie en trois axes : fermetures, surveillance, prévention
1. Fermer les portes des réseaux clandestins
Le gouvernement prévoit un projet de loi à l’automne 2025 instauré par le ministère de l’Économie et des Finances afin de sanctionner les opérateurs illégaux. Ce texte prévoit la fermeture immédiate des lieux suspects comme les cybercafés et clubs privés. Les exploitants complices verront leur licence annulée, et toute obstruction aux contrôles sera passible de peines de prison.
2. Renforcer la surveillance numérique
Pour lutter contre les plateformes en ligne, la Grèce utilise déjà des filtres DNS pour bloquer l’accès à plus de 11 000 sites non autorisés. Elle ambitionne maintenant de déployer un système de surveillance en temps réel, appuyé sur l’IA, grâce à un croisement systématique des données des utilisateurs, des plateformes et des flux financiers, en collaboration avec la Banque de Grèce.
3. Informer, protéger, encourager le jeu légal
Au-delà de la répression, une campagne d’information publique sensibilisera aux dangers du jeu illégal. Les outils d’auto-exclusion seront renforcés pour les personnes vulnérables, et le ministère envisage des avantages fiscaux afin de favoriser le basculement vers le marché réglementé.
Résonance européenne et enjeux transfrontaliers
Cette initiative grecque ne restera pas isolée. Déjà, plusieurs autorités européennes, dont celles du Royaume-Uni, d’Allemagne et des Pays-Bas, ont exprimé leurs préoccupations face à la montée des paris illégaux dans l’UE.
La Pologne, en tant que présidence du Conseil de l’Europe en 2025, prône un cadre juridique commun et des protections transfrontalières contre le jeu noir. Cette offensive grecque pourrait servir de modèle à un effort européen coordonné.
Enjeu économique et moral : un équilibre à trouver
Au cœur de cette lutte, deux enjeux s’affrontent : combler les recettes fiscales et tenir tête à un phénomène social croissant, notamment chez les jeunes. Face à cela, la réponse grecque mise sur un arsenal moderne tout en gardant un regard humain : protection des vulnérables, prévention des dérives, promotion de l’engagement responsable.