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Judges hammer used for declaring outcome judgement.

UKGC : Le scandale de la licence loterie en justice 

L’UKGC se retrouve devant la Haute Cour de Londres dans une affaire explosive. Le magnat des médias Richard Desmond conteste l’attribution de la licence de la loterie nationale à Allwyn, une décision qui soulève des questions de transparence, de gouvernance et de justice. 

Quand une autorité est mise sous pression

Le rideau se lève ce mois d’octobre 2025 sur l’un des affrontements judiciaires les plus scrutés du secteur des jeux au Royaume-Uni. D’un côté, la Gambling Commission (UKGC), gardienne de la régulation des jeux ; de l’autre, le magnat des médias Richard Desmond, qui conteste l’attribution de la licence nationale de loterie à l’entreprise Allwyn. Au-delà d’un simple litige commercial, ce procès pose une interrogation cruciale : peut-on remettre en cause, devant la haute juridiction, des décisions prises par un régulateur public dans un domaine où enjeux financiers et intérêt général se croisent ?

Cet affrontement judiciaire pourrait redessiner l’équilibre entre pouvoir d’attribution des marchés publics et contrôle judiciaire. Et, si Desmond obtient gain de cause, ce sont les caisses destinées aux bonnes causes (financées par la loterie) qui pourraient devoir absorber l’ardoise.

Une licence au cœur de la tempête

Depuis sa création, la loterie nationale britannique était exploitée par Camelot. En 2022, après un appel d’offres pour une nouvelle concession de dix ans, c’est la société tchèque Allwyn qui est retenue. Pour la première fois, le monopole historique change de main. Mais cette transition, loin d’être consensuelle, suscite des récriminations.

Richard Desmond, propriétaire des entreprises Northern & Shell et The New Lottery Company, n’accepte pas la décision. Il fait valoir que la procédure d’attribution a manqué de transparence : critères non divulgués, absence de retours sur la phase initiale du concours, conflits d’intérêt non traités, modifications contractuelles après attribution. Il avait initialement réclamé jusqu’à £1,3 milliard de dommages, mais a réduit sa demande à environ £200 millions après avoir rejeté une proposition de règlement à £10 millions.

Desmond chiffre également ses coûts engagés dans le processus de soumission à £17,5 millions. 

Dépenses qui explosent et erreur de divulgation

La Haute Cour de Londres est désormais saisie. Le procès principal doit durer plusieurs semaines, selon les estimations des observateurs. Les enjeux ne sont pas seulement privés : si une condamnation est prononcée, les fonds servant à indemniser Desmond pourraient provenir du National Lottery Distribution Fund (NLDF), soit le mécanisme qui redistribue les recettes issues des billets vers les œuvres caritatives : sports, culture, associations locales.

La préparation du procès a déjà un coût. L’UKGC a vu ses dépenses liées à la loterie quasiment doubler : de £14,4 millions à £28,8 millions en une année. Les frais juridiques seuls sont passés de £400 000 à £13,4 millions.

Plus embarrassant encore : la Commission a involontairement communiqué plus de 4 000 documents internes à l’équipe légale de Desmond. Dans l’une de ses décisions, Mme la juge Jefford a estimé que, selon le standard usuel, il n’étaient pas manifestement évidents que les documents avaient été divulgués par erreur, ce qui permettait à Desmond de les utiliser dans son dossier.

La stratégie de Desmond

Les avocats de Desmond contestent la validité même du concours. Ils disent que l’UKGC aurait imposé des critères non annoncés, empêché TNLC de corriger son dossier faute de retours, et toléré des conflits d’intérêt non gérés. Ils invoquent également des liens révélés entre Allwyn et des entreprises russes (notamment des co-entreprises avec Gazprom). L’UKGC avait jugé ces liens non pertinents mais les controverses parlementaires ont rapidement émergé.

Un autre axe central : les modifications contractuelles faites après l’attribution. Selon Desmond, ces changements auraient dû entraîner un nouvel appel d’offres. Il réclame alors compensation pour les profits qu’il aurait pu retirer.

La défense de l’UKGC (et d’Allwyn)

Le régulateur défend l’intégrité de son processus. Il affirme que la soumission de Desmond était fantaisiste et a obtenu un score très faible selon des critères rigoureux. Il soutient aussi que les changements contractuels étaient permis par les clauses et ne justifiaient pas un nouveau concours. Allwyn, quant à elle, se joint à la défense, arguant que sa réputation est en jeu si une cour invalide sa victoire. 

Que pourraient décider les juges ?

  1. Rejet complet de la demande de Desmond : Le tribunal estime que la Commission a agi correctement, que les modifications contractuelles étaient conformes aux règles, et refuse la compensation.
  2. Victoire partielle de Desmond : Le juge pourrait reconnaître certaines erreurs (notamment de procédure ou de transparence) mais limiter le montant des dommages.
  3. Annulation ou réouverture du concours : L’issue la plus radicale : le tribunal invaliderait l’attribution à Allwyn et demanderait une nouvelle compétition.

Régulateur, transparence et confiance

Ce procès ne se limite pas à un différend entre un milliardaire et une autorité. Il met en lumière la tension permanente entre autonomie d’un régulateur et contrôle judiciaire, entre efficacité dans l’attribution de concessions et obligation de transparence. Peut-on accepter que des décisions aux contours opaques passent sans remise en cause ? Les magistrats du tribunal devront trancher sur ce qui était prévu, ce qui a été fait, et ce qui aurait dû l’être.

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Sarah a un regard aiguisé sur les tendances du monde du jeu. Passionnée de sport, elle couvre tous les sujets, du jeu responsable à la législation sur les casinos. Ses articles rendent les sujets complexes accessibles aux lecteurs.

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