Logos XXL : la créativité controversée des opérateurs de jeux pour défier la réglementation
Depuis le 1er janvier, la Belgique a mis en place de nouvelles restrictions strictes concernant le sponsoring des opérateurs de jeux et de paris sportifs. Ces règles visent à limiter l’influence de ces entreprises sur le public, notamment en réduisant la taille des logos apposés sur les maillots des équipes sportives. Pourtant, certaines marques rivalisent d’ingéniosité pour contourner la loi, provoquant l’indignation de nombreux parlementaires.
Une technique de non-débordement controversée
Les nouvelles règles stipulent que la surface maximale d’un logo sponsor sur un maillot ne doit pas dépasser 75 cm². Cependant, des marques comme Unibet, Napoleon Games, et d’autres, ont trouvé une parade astucieuse : ne pas inclure les espaces vides dans le calcul. Ces espaces comprennent non seulement ceux entre les lettres, mais également les cavités internes des caractères tels que o, e ou d.
Résultat : le logo d’Unibet, par exemple, occupe une surface réelle de 123 cm², soit près du double de la limite autorisée.
Pour les députés Stefaan Van Hecke (Groen) et Alain Yzermans (Vooruit), cette stratégie est inacceptable. Ils ont interpellé mercredi dernier le ministre de la Justice, Paul Van Tigchelt, lors d’une commission, demandant que l’État intervienne pour faire respecter non seulement la lettre de la loi, mais aussi son esprit.
Un détour de la loi à plusieurs niveaux
En plus d’étirer les limites des logos sur les maillots, certains opérateurs ont également créé des sites d’information ou des associations caritatives arborant des noms similaires à ceux de leurs entreprises. Ainsi on a pu voir apparaître sur les maillots les logos de U-Experts, une nouvelle marque créée par Unibet, Circus Daily, un site d’information, Golden Palace News, un autre un site d’information dédié exclusivement au sport ou encore Antwerp First, une association caritative sous marque de BetFirst.
Cette stratégie leur permet de contourner les restrictions tout en assurant une présence visible dans les stades et parfois sur les maillots, à l’avant cette fois-ci. «Ces pratiques démontrent une volonté manifeste de déjouer la réglementation», a déclaré Van Tigchelt, qui regrette un manque de moyens pour contrôler efficacement ces infractions.
Que dit exactement la loi sur les jeux de hasard ?
Les restrictions en question s’inscrivent dans une réforme plus large visant à réduire l’impact de la publicité pour les jeux de hasard, un secteur souvent critiqué pour son influence sur les jeunes et les populations vulnérables. Depuis le début de l’année, la loi impose :
- Une taille limite de 75 cm² pour les logos des opérateurs sur les maillots.
- Une interdiction de certains emplacements stratégiques, comme l’avant des maillots, pour réduire leur visibilité.
- Des contrôles renforcés par la Commission des jeux de hasard, bien que cette dernière souffre d’un sous-effectif chronique avec seulement cinq inspecteurs pour tout le pays.
Malgré ces mesures, les moyens de contournement se multiplient. Pour Stefaan Van Hecke et Alain Yzermans, il est urgent de renforcer les sanctions et de donner plus de ressources à la Commission pour contrer ces stratagèmes.
La balle est maintenant dans le camp du gouvernement fédéral. Un renforcement des moyens alloués à la Commission des jeux de hasard semble nécessaire pour garantir le respect des règles. Par ailleurs, un amendement de la loi pourrait être envisagé pour clarifier les zones de flou juridique exploitées par les opérateurs.