Affiliés : acteurs oubliés des lois sur les jeux de hasard
L’industrie des jeux d’argent en ligne connaît une transformation majeure, avec les sites de comparaison (affiliés) qui réclament désormais leur voix au chapitre des décisions réglementaires. Martyn Hannah, co-fondateur et directeur général de Comparasino, lance un appel pressant aux régulateurs européens.
Un rôle crucial mais souvent négligé
Les sites de comparaison en ligne servent de point d’entrée pour de nombreux joueurs souhaitant s’informer sur les casinos en ligne. Ils fournissent des informations sur les plateformes légales, les options de jeu disponibles et les pratiques de jeu responsable. En dirigeant les joueurs vers des opérateurs agréés, les affiliés contribuent à la canalisation vers des environnements de jeu sûrs et réglementés.
« Les sites de comparaison de casinos en ligne jouent un rôle crucial dans l’écosystème réglementé, mais sont souvent exclus des discussions sur les cadres réglementaires », souligne Martyn Hannah.
Dans certains pays, comme la Finlande, des mesures sont envisagées pour interdire purement et simplement les affiliés. Cette approche pourrait priver les joueurs d’une source précieuse d’information et réduire l’efficacité des efforts de canalisation vers des opérateurs légaux.
L’impact sur la canalisation des joueurs
Dans des marchés comme la Suède et les Pays-Bas, les taux de canalisation vers les opérateurs légaux restent en deçà des attentes.
« Pourquoi supprimer un canal qui dirige les joueurs vers des opérateurs agréés ? » s’interroge Hannah.
Les affiliés ne se contentent pas de diriger le trafic vers les casinos en ligne ; ils jouent également un rôle clé dans l’éducation des joueurs sur le jeu responsable. En fournissant des informations sur les limites de dépôt, les outils d’auto-exclusion et les risques associés au jeu, les affiliés contribuent à la protection des joueurs.
La perception négative, un obstacle à surmonter
Une des raisons possibles de l’exclusion des affiliés des discussions réglementaires est la perception négative associée à certains acteurs du secteur. Des comportements peu scrupuleux de la part de quelques sites ont terni l’image des affiliés dans leur ensemble. Par exemple, certains sites ciblent spécifiquement les joueurs auto-exclus en les dirigeant vers des plateformes non réglementées, une pratique condamnable qui nuit à la réputation de l’industrie.
Il est essentiel de reconnaître que ces acteurs ne représentent pas l’ensemble du secteur des affiliés. De nombreuses entreprises, des géants cotés en bourse aux indépendants passionnés, s’engagent à promouvoir des pratiques de jeu sûres et responsables. En reconnaissant cette diversité, les régulateurs pourraient collaborer avec des affiliés de confiance pour améliorer le cadre réglementaire.
Les difficultés créées par des régulations plus strictes
Si une régulation du marché des jeux de hasard est nécessaire pour protéger les joueurs et assurer un cadre légal équilibré, des restrictions trop sévères peuvent avoir des effets indésirables. L’adoption de règles plus strictes en matière de publicité, de sponsoring sportif ou d’affiliation peut réduire la visibilité des opérateurs agréés, laissant un vide exploité par des sites illégaux. Lorsque les canaux de communication traditionnels sont restreints, les joueurs risquent de se tourner vers des plateformes non réglementées, où les protections sont moindres et les risques plus élevés.
Dans certains pays, comme les Pays-Bas, la mise en place de restrictions strictes sur la publicité a conduit à une chute de la visibilité des opérateurs légaux, rendant plus difficile la canalisation des joueurs vers des sites sécurisés. Par ailleurs, des contraintes excessives peuvent également pousser certains affiliés à quitter les marchés régulés, limitant ainsi l’accès à des informations objectives et transparentes pour les joueurs. Une régulation trop rigide peut donc s’avérer contre-productive, renforçant le marché noir plutôt que de le freiner.
Vers une représentation organisée
L’exclusion des affiliés des discussions réglementaires prive le secteur d’une perspective précieuse. Ces acteurs, bien que souvent perçus comme de simples intermédiaires marketing, possèdent en réalité une connaissance approfondie des comportements des joueurs, des tendances du marché et des défis liés à la promotion du jeu responsable. Leur expertise repose sur des années d’analyse de données et d’interactions avec des joueurs, leur permettant d’identifier les besoins et les attentes du public bien avant que ces tendances ne soient visibles par les régulateurs.
Hannah plaide ainsi pour que les organismes de régulation européens reconnaissent le rôle des affiliés et leur offrent une place à la table des négociations. Une collaboration renforcée entre régulateurs, opérateurs et affiliés permettrait de mettre en place des règles plus adaptées à la réalité du marché et mieux alignées avec les objectifs de protection des joueurs.
La régulation des bonus constitue un parfait exemple de l’expertise que peuvent apporter les affiliés. Au Royaume-Uni, la prudence excessive des opérateurs a conduit à une uniformisation des offres (bonus de 100% jusqu’à 100£), poussant certains joueurs vers des sites non agréés proposant des bonus plus attractifs.
Hannah appelle à la création d’un organisme professionnel représentant les affiliés :
« La meilleure façon d’intégrer les sites de comparaison dans les conversations réglementaires est de créer un organisme qui nous représente. »