2 jeunes sur 5 parient… et vous ?
Selon l’enquête DataSynergy, près de 40 % des jeunes Belges de 18 à 20 ans ont déjà participé à des jeux d’argent ou des paris sportifs. Les paris en ligne, en particulier, séduisent une audience jeune, souvent via des applications et sites non agréés.
La Commission des jeux de hasard vient de publier les résultats de l’enquête menée par DataSynergy. Selon cette enquête, 2 jeunes sur 5 âgés de 18 à 20 ans auraient déjà participé à des jeux de hasard, contre 1 jeune sur 2 lors de l’enquête effectuée l’année précédente. C’est un recul significatif, mais entre accès aux sites illégaux, influence des pairs et efficacité des campagnes de sensibilisation, le constat est sans appel : le jeu reste une réalité chez les plus jeunes.
En ligne ou hors ligne : des barrières facilement contournées
Depuis le 1er septembre 2024, les jeux de hasard et les paris sont interdits aux moins de 21 ans en Belgique. Pourtant, 39 % des jeunes âgés de 18 à 20 ans interrogés dans le cadre de l’enquête DataSynergy ont déclaré avoir participé à des jeux de hasard depuis cette date. Ce chiffre, bien qu’en baisse par rapport à 2023 (51 %), reste préoccupant, car il montre qu’une partie significative de cette tranche d’âge échappe encore aux contrôles.
Parmi les 18-20 ans ayant joué :
- 34 % l’ont fait en ligne,
- 29 % dans des établissements physiques,
Malgré les mesures de protection, les plateformes en ligne restent un canal privilégié, avec peu de barrières techniques efficaces pour interdire l’accès aux jeunes majeurs mais interdits de jeu.
Sites légaux, sites illégaux : une frontière floue pour les jeunes
L’étude révèle que 94 % des jeunes de 18 à 20 ans reconnaissent au moins un site de jeux de hasard légal, mais 44 % déclarent aussi connaître des sites illégaux. Ce double niveau de connaissance pose un réel problème de canalisation vers une offre réglementée.
Plus grave encore : 20 % de ces jeunes ont effectivement joué sur des sites illégaux, soit 1 jeune sur 5, dont 8 % exclusivement sur ces plateformes. Le phénomène est d’autant plus alarmant que ces sites n’ont aucune obligation de protection des joueurs.
Fréquence de jeu : une minorité, mais des comportements à risque
Parmi les jeunes de 18 à 20 ans ayant joué :
- 26 % sont des joueurs occasionnels (quelques fois par an ou par mois),
- 13 % sont des joueurs fréquents (au moins une fois par semaine),
- 6 % jouent presque tous les jours.
Ces profils à risque sont particulièrement sensibles à l’addiction, surtout dans une tranche d’âge où la maturité psychologique et financière reste en construction.
Les amis et les réseaux sociaux : catalyseurs du jeu chez les jeunes
Le choix des plateformes de jeu par les jeunes est guidé par :
- Les recommandations d’amis (35 % des 18-20 ans),
- La publicité sur les réseaux sociaux (22 %),
- La publicité à la télévision (13 %).
L’influence du groupe de pairs reste dominante, rendant les efforts de sensibilisation institutionnelle plus difficiles à faire entendre. L’omniprésence du jeu dans l’environnement social et numérique de ces jeunes amplifie leur exposition et banalise la pratique.
Une régulation à revoir ?
Le fait que près de 2 jeunes sur 5 jouent malgré l’interdiction légale questionne l’efficacité des mesures de contrôle d’âge. Les systèmes de vérification actuels apparaissent comme faciles à contourner sur certains sites, et inexistants sur les plateformes étrangères ou illégales. Par ailleurs, l’absence de campagnes ciblées spécifiquement sur les 18-20 ans laisse un vide que la publicité indirecte ou le bouche-à-oreille comble dangereusement.
Quelles pistes pour protéger les jeunes de 18 à 20 ans ?
Les conclusions du rapport incitent à envisager des solutions plus robustes :
- Campagnes de sensibilisation sur les risques du jeu avant 21 ans, adaptées au langage et aux canaux des jeunes (TikTok, Instagram…),
- Encadrement plus strict des influenceurs et de la publicité déguisée,
- Suivi plus rigoureux des opérateurs illégaux actifs sur le marché belge.