50% des plus grands casinos en ligne belges sont illégaux
La Belgique fait face à une réalité troublante : près de 50 % des plus grands casinos en ligne du pays opèrent sans licence. C’est ce que nous apprennent nos confrères de Het Laatste Nieuws. Ces plateformes illégales attirent un nombre croissant de joueurs tout en échappant à toute régulation. Derrière cet état de fait se cache une industrie clandestine florissante, alimentée par des failles dans la législation et des moyens limités pour contrôler le phénomène.
Les casinos illégaux dominent la scène : une épidémie hors de contrôle
«C’est comme vider un océan avec une cuillère», confie un membre de la Commission des jeux d’argent. Avec seulement une quarantaine d’employés, cette institution est loin de rivaliser avec ses homologues européens comme les Pays-Bas, qui comptent près de 200 inspecteurs. Cette carence de ressources entrave toute véritable régulation.
«Nous avons besoin d’une refonte complète pour rendre notre mission efficace.», affirme Marjolein Depaepe, porte-parole de la Commission.
Les chiffres sont alarmants : la Belgique compte environ 2 214 sites illégaux accessibles aux joueurs, tandis que seulement 22 plateformes opèrent avec une licence. Hier encore, la commission des jeux de hasard a ajouté 17 nouveaux sites illégaux à sa liste noire, la faisant passer à 581 sites bloqués. Malheureusement ces interdictions sont facilement contournées via des serveurs étrangers.
Des conséquences alarmantes pour les joueurs
Selon Sciensano, environ 0,9 % de la population belge présente un risque de développer une addiction aux jeux d’argent, un chiffre qui grimpe chez les jeunes hommes, la principale cible des sites de paris sportifs. Frieda Matthys, psychiatre et auteure de Gokken is geen spel («Parier n’est pas un jeu»), alerte : «Chaque campagne publicitaire normalise les jeux d’argent, augmentant le risque pour les groupes vulnérables».
L’absence de règles sur les sites illégaux accentue ces dangers. Contrairement aux plateformes légales, qui surveillent le comportement des joueurs et limitent les paris, les opérateurs clandestins offrent des bonus interdits et accueillent les mineurs.
«En fermant les portes des sites réglementés, on ouvre un boulevard aux plateformes hors-la-loi», déclare Dennis Marien, directeur général d’Unibet.
Une loi encore inefficace
La Belgique a adopté en 2023 des mesures drastiques pour encadrer les jeux d’argent, incluant l’interdiction de publicité. Pourtant, ces restrictions semblent insuffisantes. Le bénéfice brut du secteur a augmenté de 16 % en un an, atteignant 1,7 milliard d’euros en 2023.
Ce paradoxe soulève des questions. Ziggy Pruvoost, directeur marketing chez Napoleon Games, estime que le bannissement de la publicité pourrait aggraver la situation.
«Si les joueurs ne trouvent plus les plateformes réglementées, ils se tourneront vers des sites illégaux, souvent basés dans des paradis fiscaux et hors d’atteinte de la justice belge.»
Ziggy Pruvoost
L’urgence d’une réforme profonde
Le cabinet du ministre de la Justice, Paul Van Tigchelt, propose une solution radicale : renforcer la Commission des jeux d’argent en augmentant les contributions financières des opérateurs légaux. Mais ces mesures suffiront-elles ? Pour beaucoup, seule une refonte complète de la législation permettra de contrer l’essor des casinos illégaux.
Les enjeux sont immenses : protéger les joueurs, réduire les addictions, mais aussi sécuriser des milliards d’euros qui échappent chaque année au fisc.
«Nous sommes au bord d’une crise sociale et économique si nous n’agissons pas maintenant.»
Marjolein Depaepe