Allemagne : le jeu illégal représente 80 % du marché en ligne
En Allemagne, la régulation des jeux en ligne peine à contenir le développement du marché noir. Selon le rapport 2023 de la Gemeinsame Glücksspielbehörde der Länder (GGL), les flux financiers illégaux représenteraient entre 2 % et 4 % du chiffre d’affaires brut des jeux (GGR), soit 400 à 600 millions d’euros. Mais les statistiques partagées lors de Gaming in Holland en 2025 montrent que 80% des revenus vont à des opérateurs illégaux.
Divergence d’estimations : une fracture dans les chiffres
La GGL affirme que l’appareil de régulation fonctionne : sur 1 864 sites examinés, 133 ont été bloqués, et 438 cas traités, avec 63 fermetures d’opérateurs illégaux. Selon l’autorité, cela prouve une volonté ferme de restreindre l’offre illégale.
Certains opérateurs et études remettent en question cette lisibilité :
- Le DOCV et le DSWV avancent que le taux de canalisation vers le marché légal est largement sous-estimé, évoquant un marché noir à 20 % ou plus pour les jeux en ligne.
- Une étude de l’université de Leipzig révèle qu’en mars 2023, seuls 50,7 % des joueurs en ligne utilisaient des plateformes régulées ; 28,9 % se tournaient vers des sites non-licenciés UE, et 19,9 % vers des plateformes offshore.
- Une analyse de Yield Sec estime la part du marché noir à près de 47 % dans les jeux en ligne, signalant plus de 1 380 opérateurs illégaux, dont 45 % utilisaient également des affiliés officiels.
- Lors de Gaming in Holland 2025, les chiffres partagés montrent que 80% des revenus du marché du jeu en ligne appartiennent à des opérateurs illégaux.
Pourquoi tant d’écart ? Des méthodologies qui s’opposent
- Chiffres de la GGL : fondés sur le GGR global – y compris les casinos terrestres – et basés sur des blocages légaux et financiers visibles.
- Études universitaires et associatives : se basent sur les comportements des joueurs (temps passé, trafic web), les contraintes de l’offre légale (mise maximum d’1 €, délai d’attente, bonus limités) poussent vers l’illégalité.
Les divergences portent sur la définition du “marché noir” et les indices de mesure : chiffres financiers globaux d’un côté, navigation et attrait des offres plus favorables de l’autre.
Un cadre réglementaire rigide, mais inadapté ?
Depuis l’entrée en vigueur du traité fédéral 2021, le paysage est très encadré :
- Plafond de mise : 1 € par tour
- Dépôt mensuel limité : 1 000 €
- Taxe sur le chiffre d’affaires des jeux légaux: 5,3%
- Blocages technologiques, interdiction de bonus, publicité très restreinte
Ces contraintes ont incité certains joueurs à se tourner vers des sites clandestins offrant des bonus plus généreux, des mises plus élevées ou une navigation sans délai.