Le Casino Middelkerke au cœur d’une enquête pour fraude sociale : le témoignage glaçant d’une ex-croupière
Une enquête a été ouverte en Belgique contre le casino Middelkerke pour fraude sociale potentielle et possible traite des êtres humains. Suite à la plainte d’une ex-employée philippine, embauchée sans permis de travail valide et licenciée sans procédure régulière. Retour sur une affaire qui ébranle l’image d’un établissement réputé.
Embauche express… sans vérification légale
En avril 2024, une croupière philippine, alors en poste en Bulgarie avec un permis de travail en règle, postule en ligne au casino Middelkerke, attirée par de meilleures conditions salariales. La réponse est immédiate : « We need you quickly », lui écrit un employé via WhatsApp. Aucun test, aucune vérification préalable. Quelques semaines plus tard, on lui conseille de venir en Belgique au plus vite. Le casino lui promet de « tout régler ».
Mais dès la première étape, un obstacle légal surgit : la demande de permis de travail adressée par la candidate à l’ambassade belge est rejetée. En Belgique, c’est l’employeur – et non le salarié – qui doit introduire la demande de permis unique, une autorisation unique de travail et de séjour pour les ressortissants hors UE. Ce que le casino semble ignorer.
Engagée sans permis unique
Malgré le rejet de sa demande, l’employée décide de venir visiter le casino Middelkerke. Elle est accueillie à l’aéroport, logée, et obtient une visite guidée des lieux. Séduite, elle démissionne de son poste en Bulgarie, fait ses valises et rejoint Middelkerke. Là, elle entame son travail comme croupière, reçoit un salaire versé sur un compte bulgare et se voit remettre des fiches de paie incluant un numéro bis, c’est-à-dire un numéro d’identification utilisé pour les non-résidents.
“Tout semblait normal”, raconte-t-elle. Mais après plusieurs mois, aucun document de séjour ne lui est fourni. Lorsqu’elle interroge ses supérieurs, elle reçoit des réponses floues ou incorrectes. En octobre, elle se rend à la commune locale pour faire le point, et découvre la vérité : elle travaille en Belgique illégalement.
Un licenciement brutal
L’employée signale la situation par message à une responsable RH du casino. Celle-ci persiste à dire, à tort, qu’elle est elle-même responsable de son permis de travail. Dès que le casino apprend qu’elle a contacté les autorités, elle est congédiée oralement par WhatsApp, sans lettre de licenciement, et priée de quitter immédiatement le logement mis à disposition.
Piégée entre deux pays, elle ne peut pas retourner en Bulgarie où son ancien permis de travail a expiré, ni rester en Belgique sans papiers. Elle devient sans-abri, hébergée temporairement par des membres de la communauté philippine.
En proie à l’angoisse, elle avoue :
“Je ne peux plus subvenir aux besoins de mes trois enfants restés aux Philippines.”
L’inspection du travail enquête, la justice s’interroge
Alerté, l’auditorat du travail de Flandre occidentale confirme avoir ouvert une enquête.
“Un contrôle est en cours concernant l’emploi de cette personne au casino de Middelkerke.”
La question est de savoir s’il s’agit d’un simple cas de fraude sociale ou d’un acte de traite des êtres humains.
Pour Jan Buelens, professeur de droit du travail à l’Université d’Anvers, les faits pourraient relever de cette dernière qualification :
“S’il est démontré qu’elle a été amenée en Belgique sous de fausses promesses, sans contrat en règle, licenciée dès qu’elle a cherché à faire valoir ses droits, cela pourrait constituer un cas de traite des êtres humains.”
Le casino Middelkerke se défend : Nous avons agi de bonne foi
Interrogé par le journal De Standaard, le casino Middelkerke affirme avoir agi en toute bonne foi. Selon lui, le numéro bis, la déclaration Dimona et la rémunération conforme prouvent sa volonté de respecter la loi.
Il reconnaît toutefois qu’il ignorait que la fonction de croupier n’est pas reconnue comme métier en pénurie en Flandre, condition pourtant essentielle pour l’obtention d’un permis unique.
Le porte-parole du casino à ajouté :
“Nous n’avons jamais été informés d’une quelconque illégalité par une autorité compétente. Lorsque l’irrégularité a été identifiée, nous avons mis fin à la collaboration dans le respect de la législation.”
Les autorités locales témoignent
Le chef de la police locale a déclaré qu’aucune irrégularité n’avait été constatée lors d’un contrôle récent du casino, confirmant la bonne foi de l’employeur.
Le bourgmestre de Middelkerke, Jean-Marie Dedecker, a également pris la parole dans la presse locale pour soutenir le casino Middelkerke. D’après lui la plaignante est sournoise et essaie de sauver sa peau puisqu’elle est en belgique de façon illégale.