Sites web détournés pour la publicité de casinos, le piratage prolifère
Avec le nouveau protocole de coopération entre la Commission des jeux de hasard (CJH) et DNS Belgium, un signal fort est envoyé aux fournisseurs de sites de jeux illégaux. Quiconque promeut des jeux de hasard illégaux avec un domaine .be peut désormais s’attendre à une détection plus rapide et à des conséquences immédiates.
Les noms de domaine peuvent être retirés ou redirigés vers une page d’avertissement du régulateur. C’est nécessaire, car les casinos en ligne illégaux tentent de plus en plus souvent de revêtir une apparence belge pour inspirer confiance aux joueurs.
Pourtant, ce n’est qu’une partie de l’histoire. En coulisses se joue un autre problème, beaucoup plus tenace : le piratage numérique par lequel des criminels détournent des sites web existants pour rediriger des visiteurs sans méfiance vers des plateformes de jeux illégales. Et c’est précisément là que l’action fait défaut pour l’instant.
Sites d’entreprises détournés incognito par des pirates de jeux
Une enquête de Gambling Club révèle que des hackers s’introduisent activement dans des boutiques en ligne belges, souvent via des failles dans des systèmes couramment utilisés comme WordPress. Une fois à l’intérieur, ils ajoutent des URL cachées au nom de domaine existant. Pensez à exemplemagasin.be/online-casino-xxx, qui est indexé silencieusement par Google. Le propriétaire d’origine n’en sait rien, mais les visiteurs qui cliquent sur ce lien via les moteurs de recherche atterrissent sur un casino illégal.
La tactique est sournoise et efficace. Grandes et petites entreprises sont victimes, des boutiques en ligne connues aux acteurs locaux sans équipe informatique. Le site Sticker.be a par exemple été utilisé pour promouvoir une fausse version de Betano Casino. La boutique en ligne n’a eu connaissance du piratage que lorsque Gambling Club l’a contactée. La fausse page a ensuite été immédiatement supprimée.
Open source, porte ouverte ?
De nombreux sites web touchés fonctionnent sur des plateformes open source. Cela rend l’accès relativement simple pour les hackers via des plug-ins vulnérables ou des panneaux d’administration mal sécurisés. Une fois à l’intérieur, ils ajoutent des pages supplémentaires qui ressemblent à du contenu régulier. Pas de bannières, pas de pop-ups clignotants, mais des liens textuels apparemment légitimes qui sont captés par Google.
Pour les entreprises sans département informatique propre, ces attaques sont à peine visibles. Et tant que les moteurs de recherche continuent d’afficher les mauvaises pages, la portée de ces sites de jeux illégaux est énorme. Ils profitent du poids SEO de domaines fiables et induisent en erreur les visiteurs à la recherche d’informations légales.
Des écoles aux magasins : personne n’est à l’abri
Ce type d’attaque n’est pas un phénomène nouveau. Auparavant, Gambling Club avait déjà mis en lumière des piratages similaires dans des écoles belges. Les noms de domaine d’établissements d’enseignement étaient alors détournés pour promouvoir des jeux de hasard illégaux. La structure de l’attaque est toujours la même : un domaine fiable est utilisé comme tremplin pour diffuser des sites de jeux sous le radar.
Le risque pour les consommateurs est grand. Non seulement ils se retrouvent chez des fournisseurs non régulés, mais ils peuvent aussi être confrontés à des logiciels malveillants ou au vol de données. Et la confiance dans les entreprises légitimes est injustement entachée.
Il est temps que ce piratage soit aussi traité
La collaboration avec DNS Belgium est une étape nécessaire, mais la lutte contre le piratage de domaine doit en faire partie intégrante. L’accent actuel est mis sur les domaines .be qui sont enregistrés consciemment par des fournisseurs illégaux. Mais des dommages bien plus importants surviennent via des domaines existants qui servent involontairement de routes de contrebande numérique.
La Commission des jeux de hasard dispose des instruments et de la visibilité pour soulever ce problème et accentuer la pression. Les collaborations avec des experts en cybersécurité, des hébergeurs et des concepteurs de plateformes sont essentielles à cet égard. Car tant que les hackers peuvent abuser sans entrave de sites web légitimes, les entreprises et les consommateurs belges resteront le jouet de la mafia des jeux.

