Coup dur pour les clubs de jeux parisiens
Le rideau est tombé sur sept clubs de jeux emblématiques de la capitale française le 31 décembre dernier. Après une expérimentation de six ans, ces établissements, créés pour réguler les jeux d’argent à Paris, cessent leurs activités faute de prorogation législative. Une situation lourde de conséquences, tant sur le plan économique que social.
L’arrêt brutal de l’expérimentation des clubs de jeux résulte d’une véritable impasse politique. Introduite en 2018 pour contrer les clubs clandestins et le blanchiment d’argent, cette mesure a permis aux établissements de fonctionner sous un cadre strict. Cependant, le projet de loi de finances 2025, qui prévoyait une prolongation jusqu’à fin 2025, a été censuré suite à la chute du gouvernement de Michel Barnier. Cette censure laisse les exploitants sans cadre juridique pour maintenir leurs activités.
Des chiffres parlants
En 2023, les clubs ont généré 119 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit une augmentation de 11 % par rapport à l’année précédente, selon l’Autorité Nationale des Jeux. Ils rapportent également 50 millions d’euros aux pouvoirs publics, avec une répartition de 40 millions pour l’État et 10 millions pour la mairie de Paris. Ces recettes essentielles ont disparu avec la fermeture des clubs.
1 500 emplois en suspens
Jusqu’à 1 500 emplois directs sont menacés, principalement en CDI. Une source proche des établissements a confié à l’AFP : «Nous avons obtenu le feu vert du ministère du Travail cette semaine pour la mise en activité partielle de nos salariés.»
Cette mesure temporaire permet à l’État de prendre en charge 60 % des salaires en attendant une éventuelle réouverture. Mais cette solution n’est qu’un pansement sur une plaie ouverte.
Conséquences économiques et sociales
La fermeture des clubs pourrait avoir des effets dévastateurs sur l’économie locale. Les exploitants, comme les groupes Barrière et Tranchant, redoutent une recrudescence des clubs clandestins, rendant inutile tout l’effort de régulation entrepris depuis 2018.
«La situation est inédite et insensée. Nous demandons au futur gouvernement de trouver une solution au plus vite.», a déclaré Grégory Rabuel, directeur général du groupe Barrière.
Les conséquences sociales, elles, sont immenses. Des familles entières dépendent de ces emplois, et les perspectives de reconversion sont minces dans un secteur aussi spécialisé. Les établissements plus modestes, tels que le Club Montmartre ou le Club Pierre Charron, risquent un dépôt de bilan rapide.
Malgré la crise, les exploitants espèrent toujours une issue favorable. Selon une source proche des négociations, les clubs feront tout pour passer dans le prochain véhicule législatif. Mais la formation d’un nouveau gouvernement est une condition préalable essentielle, et le temps presse.
Par ailleurs, les syndicats se mobilisent pour obtenir des aides financières et des garanties supplémentaires pour les salariés. Cependant, comme l’explique Romain Tranchant, président du groupe Tranchant : «Aucune solution immédiate n’est envisageable sans un nouveau cadre législatif.»