En Belgique, un phénomène inédit s’impose : jamais autant de joueurs n’ont fait le choix de se retirer volontairement des jeux d’argent via le système EPIS. Grâce à une digitalisation facilitée via l’application Itsme, les demandes d’exclusion explosent, au point de faire basculer les chiffres enregistrés auprès de la Commission des jeux de hasard.
EPIS : comprendre le système et son rôle protecteur
Le système EPIS (Excluded Persons Information System) est une base de données centrale gérée par la Commission des jeux de hasard (CJH). Il regroupe différentes catégories de personnes interdites de jouer : les personnes auto‑exclues et les personnes exclues à cause d’une décision judiciaire, d’un surendettement ou d’une interdiction administrative.
L’outil vérifie en temps réel, dès qu’un joueur tente de jouer en ligne ou entre dans un casino, que la personne n’est pas interdite.
Le boom des auto‑exclusions via Itsme : chiffres et contexte
Depuis 2022, l’introduction du service Itsme a permis de simplifier radicalement la procédure d’auto‑exclusion. Il suffit de quelques clics sur smartphone, ordinateur ou tablette pour se bannir volontairement.
Le résultat est spectaculaire : en 2023, 49 698 auto‑exclusions ; en 2024, 56 458 ; et déjà 63 913 au 1ᵉʳ août 2025.
L’ampleur du phénomène : près de 190 000 personnes exclues
Au total, la liste EPIS recense 188 893 personnes inscrites au 1ᵉʳ juin 2025, tous statuts confondus.
Ces données démontrent une prise de conscience collective : de plus en plus de Belges reconnaissent leur vulnérabilité face aux risques du jeu pathologique et agissent pour s’en protéger.
Qui sont les exclus ? Volontaires, judiciaires ou administratifs
Parmi les inscrits, les auto‑exclusions volontaires représentent une part croissante. Mais d’autres formes d’interdiction subsistent :
- Les exclusions automatiques liées à des règlements collectifs de dettes, en forte baisse (100 628 en 2019 → 60 674 au 1ᵉʳ juin 2025)
- Les décisions judiciaires ou exclusions administratives (professionnelles ou familiales), moins fréquentes mais tout aussi significatives.
Les défis persistants : sanctions inefficaces et contournements
Malgré ces avancées, la Commission des jeux de hasard déplore l’inefficacité de certaines mesures. Par exemple, la limite hebdomadaire de dépôt de 200 € en ligne serait facilement contournable via l’ouverture de plusieurs comptes.
Par ailleurs, bien que des amendes soient imposées à des opérateurs illégaux, seulement environ 10–11 % des montants sont réellement recouvrés, creusant un manque à gagner pour l’État estimé à plusieurs millions d’euros.