En 2025, l’un des phénomènes les plus controversés de l’iGaming, les sweepstakes casinos, a été placé sous un microscope juridique sans précédent. Largement tolérés pendant des années grâce à des zones grises légales, ces casinos en ligne ont affronté une vague de bans, d’actions réglementaires et de mouvements stratégiques qui redéfinissent leur avenir.
Des régulateurs face à un modèle contesté
Au début de l’année, plusieurs autorités des États américains ont commencé à exprimer leurs doutes sur la légalité et l’impact de ce modèle particulier de jeux en ligne. Longtemps considéré comme un divertissement promotionnel plutôt qu’un jeu d’argent, le système sweepstakes a attiré l’attention des législateurs lorsqu’il a généré des revenus considérables — près de 10 milliards de dollars en 2024 selon une étude de l’Eilers & Krejcik pour la Social Gaming Leadership Alliance (SGLA).
Mais à mesure que les gains et l’usage augmentaient, la ligne entre promotion et jeu d’argent illégal s’est estompée dans l’esprit des régulateurs.
Les États qui accueillent certaines des plus grandes économies du pays ont pris des mesures décisives. À New York, le Senate Bill 5935 a été signé en loi, interdisant explicitement les sweepstakes casinos, tandis que le procureur général a envoyé des dizaines de lettres de cesser et s’abstenir à des opérateurs.
Peu après, en Californie, l’Assembly Bill 831 a été adopté à l’unanimité par les deux chambres du parlement de l’État. Ces textes visent à clore une faille juridique exploitée depuis longtemps pour proposer des jeux ressemblant à du casino et aux paris sportifs sans licence officielle.
Ces actions réglementaires ne sont pas isolées : des bans similaires ont été votés dans le Connecticut, le Montana et le New Jersey, tandis que d’autres, comme en Louisiane, ont vu des tentatives législatives suivies de veto ou d’avertissements officiels.
En plus des lois, les outils administratifs ont été largement employés. Plus de cent lettres de cesser et s’abstenir ont été envoyées aux opérateurs dans des États comme l’Arizona, le Michigan, le Maryland ou encore le Mississippi. Ces notifications ordonnent la fermeture de services jugés non conformes aux législations locales.
Dans certains cas, les régulateurs estiment que ces plateformes exploitent une fenêtre juridique périmée : la définition de sweepstakes, héritée de lois anciennes, ne reflète pas la complexité des opérations numériques actuelles.
La réponse des opérateurs : se conformer ou se retirer
Face à cette pression réglementaire, les réponses des acteurs du secteur ont été contrastées. Contrairement à certains qui ont choisi la confrontation judiciaire, la plupart des grandes plateformes ont obtempéré aux demandes des autorités, fermant temporairement des services ou se retirant de certains marchés.
Un exemple notable est la décision de VGW, important opérateur à l’origine de plateformes comme Chumba Casino ou LuckyLand Slots, qui a décidé de quitter le marché canadien pour concentrer ses ressources sur les États-Unis face aux défis réglementaires.
Un appel accru à la régulation
Alors que certains législateurs voient dans les sweepstakes casinos une forme de jeu illégal déguisé, l’industrie insiste sur la nécessité d’un cadre légal spécifique. Selon les promoteurs de régulation, un modèle encadré pourrait générer des recettes fiscales substantielles pour les États, tout en offrant aux joueurs une expérience transparente et légale.
Une étude de la SGLA a estimé que la Floride représenterait à elle seule plus de 1 milliard de dollars de revenus pour les opérateurs en 2025, et que l’introduction d’une taxe de 6 % sur ces achats pourrait rapporter quelque 63 millions de dollars à l’État.
Alors que 2025 s’achève, les législateurs ne montrent aucun signe d’essoufflement. Des projets de loi similaires ont été introduits en Indiana, Maine et Oklahoma, tandis que d’autres États s’apprêtent à renforcer ou ajuster leurs positions.