Italie : Nouvelles réformes fiscales et publicitaires dans le secteur des jeux d’argent
Le Président italien Sergio Mattarella a ratifié la loi budgétaire 2025, marquant un tournant décisif pour l’industrie des jeux d’argent. Entre extensions de licences, ajustements fiscaux et révision de l’interdiction de la publicité, l’Italie entend réorganiser ce secteur lucratif tout en renforçant sa position sur le marché européen. Si ces mesures promettent des opportunités économiques, elles suscitent également des inquiétudes parmi les opérateurs locaux. Voici tout ce qu’il faut savoir sur ces changements majeurs.
Une année supplémentaire pour les licences en ligne
Le ministère des Finances a confirmé une prolongation des licences de jeux en ligne pour une durée d’un an. Cette mesure permet aux opérateurs actuels de fonctionner sous les conditions existantes avant la mise en place d’un nouveau système de licences en 2025.
Avec le nouveau système de licence, il faudra payer un droit d’entrée de 7 millions d’euros, en deux échéances, ainsi qu’une redevance opérationnelle annuelle de 3 % du revenu brut des jeux (GGR).
Les nouvelles règles visent à rationaliser l’accès au marché en limitant chaque opérateur à une seule application et un site Web par type de produit. Cette mesure devrait renforcer la transparence et simplifier la surveillance des activités.
Concessions prolongées pour les établissements physiques
Du côté des établissements physiques, les concessions pour les paris sportifs, les courses hippiques, le bingo et les machines à sous ont été étendues de deux ans. Cette décision offre au gouvernement le temps de réviser et de moderniser les règlements liés à ces jeux.
Cependant, cette prolongation s’accompagne de hausses fiscales :
- Le taux de taxation des paris sportifs et virtuels en ligne passe à 24,5 %.
- Les taxes sur les casinos, le bingo et le poker en ligne augmentent à 25,5 %.
- Pour les paris sportifs au détail, le taux est également relevé à 20,5 %, tandis que les courses hippiques voient leur taxation réduite à 20,5 %.
Révision de l’interdiction de la publicité sur les jeux
Adoptée en 2018 dans le cadre du décret de la dignité, l’interdiction stricte de la publicité pour les jeux d’argent a fait l’objet de nombreuses critiques. En 2025, l’Italie envisage de réviser cette politique pour la rendre conforme aux normes européennes et maximiser les retombées économiques.
Roberto Alesse, directeur de l’Autorité des douanes et des monopoles (ADM), a qualifié cette interdiction d’hypocrite et a affirmé qu’il était temps de changer.
«L’État libéral doit être cohérent. La publicité réglementée peut stimuler l’économie tout en assurant une protection efficace des joueurs.»
Cette réforme pourrait bénéficier aux clubs de football de Serie A, qui déplorent les pertes financières causées par cette interdiction. Elle offrirait également de nouvelles sources de revenus pour les médias.
En parallèle, l’ADM collabore avec le ministre Maurizio Leo pour mettre en place une législation fédérale visant à éradiquer les jeux de hasard illégaux. Le décret prévoyant un registre des points de rechargement physiques pour les comptes en ligne est actuellement suspendu par le tribunal administratif, avec une décision finale attendue le 12 février.
Inquiétudes des petites entreprises
Malgré les critiques, les changements envisagés par l’Italie attirent l’intérêt des acteurs internationaux. Flutter Entertainment, maison mère de Gruppo SNAI, et Betsson AB ont déjà manifesté leur ambition d’augmenter leur part de marché dans le pays. Evoke Plc, propriétaire de la marque 888, a rapporté une hausse de 30 % de ses revenus en Italie.
Cependant, les petites entreprises locales s’inquiètent de l’impact des frais de licence élevés. Selon Moreno Marasco, président de Logico, le risque est d’affaiblir un secteur qui lutte déjà contre les jeux illégaux.
Qu’est-ce que l’Autorité des douanes et des monopoles ou ADM ?
L’Autorité des douanes et des monopoles (ADM) est l’organisme italien chargé de réguler les jeux d’argent, de collecter les taxes y afférentes et de lutter contre les activités illégales. Créée pour assurer une gestion transparente et garantir l’intégrité du secteur des jeux d’argent, l’ADM collabore étroitement avec des organismes nationaux et internationaux, développant des outils de surveillance et des campagnes de sensibilisation.
C’est l’équivalent italien de la Commission des jeux de hasard belge. Ces deux institutions font un travail similaire et jouent un rôle clé dans la régulation d’un secteur en pleine évolution.