Meta a-t-il profité du jeu illégal?
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10 Nov 2025 •
Reading time: 3 minutes Meta, la société mère de Facebook et Instagram, fait face à de nouvelles interrogations concernant le rôle de ses plateformes dans la promotion de jeux d’argent illégaux. Selon une enquête relayée par Reuters, le groupe aurait généré des revenus significatifs grâce à des publicités diffusées pour des opérateurs de casinos en ligne non autorisés dans plusieurs pays.
Publicités ciblées: une mécanique bien huilée
Au cœur de l’enquête, des campagnes publicitaires mises en avant sur Facebook et Instagram par des sites de jeux d’argent opérant sans licence locale. Ces annonces, souvent très attractives, promettaient bonus d’inscription élevés, paris simples ou gains rapides. Certaines campagnes s’adressaient directement aux utilisateurs via des contenus personnalisés, rendus possibles grâce aux capacités avancées de ciblage publicitaire de Meta.
Les faits montrent que ces publicités pouvaient atteindre des utilisateurs dans des régions où les jeux d’argent en ligne sont soit interdits, soit strictement limités aux opérateurs agréés. La législation diffère d’un pays à l’autre, mais la règle reste généralement la même: seuls les casinos en ligne licenciés peuvent promouvoir leurs services.
Pourtant, les plateformes de Meta ont laissé apparaître pendant plusieurs mois des annonces renvoyant à des sites offshore basés dans des juridictions réputées pour leur réglementation permissive.
Des revenus importants, mais difficilement quantifiables
La question qui domine aujourd’hui est simple: combien Meta a-t-elle réellement gagné grâce à ces publicités? Il n’existe pour l’heure aucun chiffre officiellement communiqué par l’entreprise. Cependant, plusieurs analystes relèvent que les jeux d’argent font partie des secteurs qui investissent le plus dans la publicité numérique, en particulier dans les régions où la concurrence est forte.
Selon l’analyse de la base de données publique Meta Ads Library, certains de ces annonceurs étaient actifs depuis des mois, voire des années, sans intervention notable de la plateforme. Cela suggère que les revenus générés ne sont pas anecdotiques.
Pour certains observateurs, le problème ne réside pas uniquement dans l’exposition des utilisateurs à des pratiques potentiellement addictives, mais aussi dans la concurrence déloyale que cela représente pour les opérateurs légalement enregistrés.
Les autorités commencent à réagir
Dans plusieurs pays, des autorités de régulation se sont récemment concentrées sur le rôle joué par les réseaux sociaux dans la diffusion de publicités illégales liées au jeu en ligne. Certaines organisations ont déjà contacté Meta afin d’obtenir des éclaircissements sur ses mécanismes de vérification des annonceurs.
La régulation publicitaire est généralement partagée entre autorités du numérique, régulateurs des télécommunications et organismes spécialisés dans les jeux. Ce chevauchement complique parfois les démarches. Mais l’ampleur du phénomène pousse désormais à l’action.
Plusieurs régulateurs envisagent d’imposer aux plateformes des contrôles automatisés renforcés, voire des obligations de reporting systématique des annonceurs liés aux jeux d’argent.
La réponse de Meta: modération en évolution
Interrogée par Reuters, Meta affirme qu’elle interdit la promotion de jeux d’argent en ligne sans licence et rappelle disposer de systèmes permettant d’identifier et de supprimer les campagnes illégales. L’entreprise précise également qu’elle collabore régulièrement avec les autorités de régulation.
L’affaire soulève une question plus large sur le modèle économique de la publicité numérique. Lorsqu’une plateforme dispose d’outils extrêmement précis pour cibler les utilisateurs, elle ne peut ignorer les implications de leur utilisation.